Gabon : Quid de la responsabilité des DCRH sur les effectifs réels des agents de l’État ?
LIBREVILLE (Equateur) — L’effectif réel des agents actifs de l’État pose problème. Depuis quelques jours, il suscite des interrogations, même au sommet de l’État, car tout le monde veut voir clair dans cette affaire qui commence à sentir le roussi.
C’est la sortie du ministre de la Fonction publique, Raphaël Ngazouze qui a jeté le pavé dans la mare, notamment en affirmant que l’effectif réel des agents publics actifs était de 58 000.
Un chiffre qui a suscité une vive réaction de la presse nationale au regard du chiffre évoqué par le rapport du recensement biométrique des agents publics de 2019, qui parle plutôt de 101.000 agents publics recensés.
En effet, comment expliquer que le chiffre consigné dans le rapport du recensement biométrique soit différent de celui annoncé par le nouveau Ministre de la Fonction Publique, Raphaël Ngazouze ?
D’après le membre du gouvernement, ce sont les Directeurs Centraux des Ressources Humaines (DCRH) qui lui ont communiqué les chiffres.
Chose étrange, le membre du gouvernement ne s’est pas appuyé sur les résultats du rapport du recensement biométrique des agents publics, encore moins sur le Fichier unique de référence (Fur) de la Fonction Publique, qui est la base de données de tous les agents publics civils du Gabon.
Pourtant, ces deux référentiels étaient largement suffisants pour lui permettre d’avoir la cartographie des agents publics actifs de chaque département ministériel. Pourquoi donc demander aux DCRH de lui transmettre les effectifs qu’ils gèrent au quotidien ?
La réponse pourrait se trouver dans le manque de fiabilité du rapport du recensement biométrique et du Fur. Les chiffres présents pourraient être contradictoires.
D’où l’intervention des DCRH qui pouvaient permettre au membre du gouvernement d’avoir des chiffres exacts avec la situation actuelle de chaque agent public.
Cependant, les DCRH sont-ils responsables de cette cacophonie concernant les effectifs réels des agents publics actifs ?
Selon certaines indiscrétions, il n’en est rien, car les Directeurs Centraux des Ressources Humaines auraient toujours été marginalisés par la Fonction Publique. Deux faits peuvent attester cela.
Le premier fait, c’est qu’ils n’ont pas accès au Fur de la Fonction Publique pour leur permettre de bien gérer les ressources humaines de l’État et nettoyer régulièrement le fichier pour le tenir à jour.
On comprend aisément pourquoi les chiffres qu’ils détiennent sont en contradiction avec ceux de la Fonction Publique, et pourquoi dans ce fichier, on retrouverait encore certaines anomalies qui n’ont jamais été corrigées.
Le deuxième fait, c’est qu’ils n’ont pas conduit l’opération du recensement biométrique des agents publics de 2019. Ce sont des agents de la Fonction Publique qui s’en sont chargés. D’où une nouvelle fois, cette contradiction des chiffres.
À l’évidence, le refus pour le Ministère de la Fonction Publique de permettre aux DCRH d’avoir accès au Fur et de conduire de bout en bout l’opération de recensement biométrique des agents de l’État, est l’unique explication logique à la situation actuelle sur l’effectif réel des agents publics actifs.
Pourtant, en 2015, lorsque le gouvernement décide de créer le Corps des DCRH, c’était en vue d’instaurer une nouvelle dynamique de gestion des agents civils de l’État, du recrutement à la fin de carrière.
Appliquer le texte organique qui crée les DCRH permettra sûrement au gouvernement et au CTRI d’avoir une administration publique forte, des agents publics de qualité et des effectifs fiables.
James RHANDAL