Gabon : Interview avec Serge Olivier Nzikoué, premier enquêteur technique d’aviation assermenté en zone CEMAC
LIBREVILLE (Equateur) – L’Agence de presse Equateur a eu l’opportunité d’interviewer Serge Olivier Nzikoué, enquêteur technique d’aviation, pour discuter de sujets cruciaux liés à l’aéronautique et à la sécurité aérienne. Découvrez ses perspectives éclairantes sur les différences entre les enquêteurs techniques d’aviation et maritimes, la réhabilitation des aéroports nationaux, la formation des experts et son rôle dans le contexte actuel de transition institutionnelle.
Agence de Presse Equateur : Pouvez-vous éclairer notre lanterne, en nous aidant à faire la différence entre les enquêteurs techniques d’aviation et maritimes?
Dans le cas du Gabon, bien que ces deux catégories relèvent du ministère des Transports, ils sont fonctionnellement sous l’égide d’organisations distinctes. Le secteur maritime est supervisé par l’Organisation Maritime Internationale (OMI), tandis que l’aéronautique est régulée par l’Organisation de l’Aviation Civile Internationale (OACI). Actuellement, le Gabon ne dispose pas d’experts ni d’organes spécialisés en matière d’accidents maritimes, ce qui explique les retards dans la production de rapports techniques après des incidents comme le naufrage de l’Esther Miracle. Mais des efforts sont en cours pour établir un organe indépendant afin d’améliorer la capacité du ministère des Transports à mener des enquêtes efficaces.
Pourquoi la réhabilitation des aéroports nationaux est-elle cruciale?
Il faut dire que le Gabon a ratifié la Convention de Chicago avec l’OACI en 1962, soulignant son engagement envers la sécurité aérienne internationale. Avec un trafic aérien important survolant son espace aérien, la réhabilitation des aéroports nationaux comme Oyem et Makokou revêt une importance stratégique. Ces aéroports pourraient servir de points de déroutement en cas d’urgence pour les compagnies aériennes internationales. De plus, la location de ces infrastructures à des grandes firmes pourrait générer des revenus et favoriser la création d’emplois.
Qu’en est-il de la formation des experts en tant qu’enquêteur technique d’aviation?
Devenir enquêteur technique d’aviation nécessite une formation spécialisée et une prestation de serment. J’ai suivi ma formation au NTSB à Washington, un bureau renommé mondialement. Il est essentiel que les futurs enquêteurs passent par ce processus rigoureux pour garantir leur expertise et leur engagement envers la sécurité aérienne.
Votre fonction n’est-elle pas incompatible avec votre poste actuel dans ce contexte de transition institutionnelle?
Ma fonction en tant qu’enquêteur technique d’aviation n’est pas incompatible avec mon poste à la présidence de la République, qui est une institution avec des départements sectoriels. C’est mon administration d’origine. La sécurité aérienne est une priorité transversale qui nécessite une collaboration étroite entre différentes entités gouvernementales. Mon serment professionnel reste inviolable, conformément aux normes éthiques et légales régissant ma profession.
Vous vous êtes rendu la semaine écoulée à Mouila, dans la Ngounié. Quel en était l’objet ?
D’abord parce que j’avais été victime d’une injustice qui avait indigné non seulement les membres de ma famille, mais aussi de nombreux cadre de la commune de Mouila. Il était donc question, après ma réhabilitation par le CTRI, d’y repartir pour leur en donner toute la quintessence.
Ensuite, mon déplacement pour cette partie du Gabon m’a aussi permis de deviser avec Cyriaque Mbadinga, le délégué spécial nouvellement nommé. Pour la petite anecdote, c’est cet homme qui m’a dispensé mon premier cours sur l’aéronautique et qui a contribuer à façonner en moi le rêve de devenir un jour pilote. D’ailleurs je me rappelle que mon premier vol à bord d’un monomoteur je l’ai effectué avec lui.
Propos recueillis par SRM