Gabon : Revoir la définition d’économiquement faible, une urgence pour la CNAMGS

LIBREVILLE (Equateur) – La Caisse Nationale d’Assurance Maladie et de Garantie Sociale (CNAMGS) doit revoir de toute urgence sa méthode d’évaluation du statut d’« économiquement faible ». Pour le Secrétaire général de la Fédération des Travailleurs du Gabon (FETRAG), Jocelyn Louis N’Goma, actuellement, ce statut est principalement déterminé par le niveau de revenu des individus. Une approche simpliste qui d’après lui, ne prend pas en compte la réalité complexe des conditions de vie des gabonais.

 

Selon le syndicaliste et spécialiste en protection sociale, cette définition limitée prive de nombreux citoyens d’une aide essentielle, alors même qu’ils sont confrontés à une précarité bien réelle.

 

Le revenu, un indicateur insuffisant

 

Le principal critère retenu par la CNAMGS pour définir les personnes économiquement faibles est le revenu mensuel. Toutefois, explique Jocelyn Louis N’Goma, il est évident que ce critère ne permet pas de cerner la véritable situation financière des individus. En effet, poursuit-il, même avec un salaire relativement élevé, une personne peut être économiquement vulnérable si elle doit supporter des « charges familiales » importantes.

 

Le fait de subvenir aux besoins d’une famille nombreuse ou de prendre en charge des parents malades peut transformer un salaire correct en un revenu insuffisant.

 

Le poids du coût de la vie

 

La notion de précarité ne se limite pas aux chiffres sur une fiche de paie. Le coût de la vie varie fortement selon les régions du pays, et un salaire qui permettrait de vivre confortablement dans certaines zones peut s’avérer totalement insuffisant dans des régions où les prix du logement, de la nourriture et des services de base sont plus élevés. Ainsi, pense M. N’Goma, une personne peut être jugée économiquement faible dans un environnement urbain à coût élevé, même si son salaire dépasse le seuil fixé par la CNAMGS.

 

Endettement et absence de patrimoine : des facteurs ignorés

 

Par ailleurs, souligne le syndicaliste, l’analyse actuelle omet de prendre en compte le « niveau d’endettement ». Une personne bénéficiant d’un bon salaire, mais lourdement endettée, soutient-il, peut se retrouver dans une situation de précarité financière chronique. Le poids des dettes, qu’elles soient liées à des prêts immobiliers, des crédits à la consommation ou autres, crève considérablement la capacité d’une personne à couvrir ses besoins de base. De plus, l’absence de « patrimoine » ou d’actifs financiers empêche de faire face aux imprévus, augmentant ainsi les risques économiques.

 

Inégalités d’accès aux services sociaux

 

L’accès limité aux services sociaux, tels que la santé, l’éducation et le logement, est également un indicateur souvent négligé dans la définition du statut d’économiquement faible. Nombre de travailleurs actifs, bien que percevant un salaire décent, se retrouvent dans une situation de vulnérabilité parce qu’ils ne peuvent accéder à ces services, martèle le spécialiste en protection sociale. De son point de vue, cela accentue encore les inégalités et la précarité des ménages concernés.

 

Éviter la confusion avec l’indigence

 

Il est crucial de ne pas confondre le statut d’économiquement faible avec celui d’indigent. Pour M. N’Goma, l’indigence se réfère à un niveau de précarité extrême où les individus n’ont pas les ressources nécessaires pour satisfaire leurs besoins fondamentaux.

 

En revanche, ajoute-t-il, une personne économiquement faible peut encore être active, mais se trouve dans une situation financière précaire malgré un revenu ou une capacité de travail. Une approche plus nuancée est donc nécessaire souligne-t-il, pour éviter de réduire cette diversité de situations à un critère unique.

 

Une réforme nécessaire et urgente

 

Face à ces réalités, conclut-il, il est impératif que la CNAMGS élargisse sa définition d’économiquement faible. Le revenu seul ne suffit pas à évaluer la situation économique des gabonais. Une réforme prenant en compte les charges familiales, le coût de la vie, le niveau d’endettement, l’absence de patrimoine et l’accès aux services sociaux s’impose.

 

Dans un contexte où de nombreuses personnes sont laissées pour compte à cause d’une approche restrictive, il est plus que jamais nécessaire de repenser cette définition, suggère le Secrétaire général de la FETRAG. Pour lui, cela permettrait d’inclure tous ceux qui, bien qu’économiquement actifs, sont en réalité confrontés à une précarité insidieuse.

 

Pour que la protection sociale soit équitable et inclusive, la CNAMGS doit évoluer et prendre en compte l’ensemble des facteurs qui déterminent réellement la situation économique des individus. Du point de vue de Jocelyn Louis N’Goma, une telle réforme assurerait un meilleur soutien aux populations les plus vulnérables et renforcerait la lutte contre les inégalités au Gabon.

 

 

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