Gabon/Cnss : Entre impatience des retraités et impératif de sauvegarder la pérennité du système de protection sociale

LIBREVILLE (Equateur) – Dans un entretien, Jocelyn Louis N’Goma, Vice-président, représentant les travailleurs au Comité Technique Tripartite de la Cnss, a tenu à apporter des éclaircissements suite aux critiques du président du Syndicat national des retraités (Synaret), Édouard Nguema, concernant la gestion de la Caisse nationale de sécurité sociale (Cnss). 

 

Agence Equateur : Comment réagissez-vous aux critiques de M. Édouard Nguema concernant la gestion de la Cnss ?

 

Jocelyn Louis N’Goma : Je dois avouer que je suis quelque peu surpris par cette position. Le Synaret, présidé par M. Édouard Nguema, a activement participé aux travaux du Comité Technique Tripartite. Ensemble, nous avons élaboré des recommandations pratiques et réalistes pour réformer la CNSS.

 

Les propositions du Synaret, comme celles des autres parties prenantes, ont été soigneusement intégrées dans le rapport final remis au Chef de l’État. De plus, tous les membres du comité ont été décorés pour leur engagement et la qualité de leur contribution. Actuellement, un comité de suivi est en place pour garantir la mise en œuvre progressive de ces réformes. Cette sortie publique me semble donc en décalage avec l’esprit de collaboration et d’unité qui a caractérisé nos travaux communs.

 

Le Synaret réclame une revalorisation immédiate des pensions. Est-ce envisageable dans le contexte actuel ?

Bien entendu, nous comprenons et soutenons la légitime revendication des retraités pour une meilleure revalorisation de leurs pensions. Toutefois, il est crucial de bien saisir la réalité économique actuelle. La Cnss repose sur les cotisations sociales, or nous faisons face à un taux de chômage élevé, à une précarité croissante du travail et à une diminution de la population active cotisante.

 

De surcroît, le nombre de retraités ne cesse d’augmenter, ce qui exerce une pression supplémentaire sur les finances de la Cnss. Une revalorisation immédiate sans un renforcement parallèle de l’assiette contributive, à travers des réformes paramétriques, risquerait d’aggraver un déficit déjà préoccupant. Cela mettrait en péril la durabilité du système et, par conséquent, la sécurité sociale des retraités, actuels et futurs.

 

Est-il raisonnable de demander aux retraités d’attendre plus longtemps avant de voir une amélioration ?

Il ne s’agit pas d’une simple demande d’attente passivement. Ce que nous proposons, c’est de construire un système de protection sociale plus solide et plus pérenne, capable de garantir les droits des retraités, aujourd’hui comme demain. La préservation de la Cnss est une question de responsabilité collective à long terme. Nous devons éviter de prendre des décisions précipitées qui, à court terme, pourraient fragiliser encore davantage le système.

 

Une réforme durable doit être fondée sur une analyse approfondie de l’ensemble de l’écosystème économique et sur des réformes progressives qui assurent la viabilité du système à long terme. Nous devons tous comprendre que ce travail est essentiel pour garantir une sécurité sociale équitable et stable pour les générations futures.

 

Quel est votre dernier mot ?

La CNSS est un pilier fondamental de notre système de protection sociale, et elle joue un rôle crucial dans la garantie des droits des retraités et de la population active.

Toutefois, pour qu’elle puisse continuer à remplir ce rôle, il est impératif que nous agissons ensemble avec responsabilité, lucidité et vision à long terme. Nous devons éviter de céder à des pressions immédiates qui pourraient compromettre la pérennité du système au détriment de l’avenir.

 

Notre responsabilité collective est de préserver ce bien commun, essentiel à la justice sociale dans notre pays, conformément à l’engagement du président de la République pour une meilleure protection sociale. C’est ainsi que nous garantirons un avenir sûr pour tous les gabonais.

 

 

Propos recueillis par Peniel MAVOUNGOU 

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Abonnez-vous à notre Newsletter