Des opposants gabonais exigent la fin de l’imposture du pouvoir en place et le respect de la Constitution
LIBREVILLE (Equateur) – Convaincu de l’incapacité d’Ali Bongo Ondimba à continuer de présider aux destinés du Gabon, un groupe d’opposants et de la société civile gabonaise, ont demandé ce jeudi 28 février à Libreville, au peuple gabonais de se lever pour obliger la Cour Constitutionnelle à faire constater la vacance du pouvoir, à travers plusieurs actions qu’ils entendent mener.
Réunis ce jeudi 28 février à la chambre de commerce de Libreville, des opposants et membres de la société civile gabonaise, ont décidé d’agir pour amener la Cour Constitutionnelle à faire constater la vacance du pouvoir. Il s’agit d’Elza-Ritchuelle Boukandou, Noël Bertrand Boundzanga, Placide Obiang Nzé, Nicolas Nguéma, Franck Ndjimbi, Edgard Owono, Ange Kevin Nzigou, Marc Ona Essangui, Jean Gaspard Ntoutoume Ayi, et Minault Maxime Zima-Ebeyard.
Selon ces derniers, Ali Bongo Ondimba qui poursuit sa convalescence à Rabat au Maroc depuis trois mois, après avoir été victime d’un accident vasculaire cérébral (AVC) le 24 octobre 2018 à Riyad en Arabie Saoudite, n’est plus en capacité physique et intellectuelle de diriger le Gabon, qui serait désormais entre les mains d’un groupe de personnes.
« Depuis le 24 octobre 2018, au mépris total des dispositions constitutionnelles et dans le silence complice des institutions, un groupe de compatriotes exercent frauduleusement le pouvoir suprême. Cet état de fait traduit une triple réalité : la déliquescence totale de l’appareil de l’Etat, la mise à mort de la République et la négation de la démocratie. Inédite dans l’histoire de notre pays, cette situation est inacceptable. Aucun gabonais ne doit la laisser prospérer », ont-ils affirmé.
Malgré les allers-retours du président gabonais dans son pays, notamment pour la prestation de serment du nouveau gouvernement, et récemment pour le conseil des ministres du 25 février dernier, malgré les multiples vidéos et images laissant transparaître qu’il serait toujours en état de diriger le Gabon, les opposants et membres de la société civile disent ne pas être convaincus. Ils pensent plutôt que ces différentes sorties d’Ali Bongo Ondimba, sont une imposture orchestrée par la présidente de la Cour Constitutionnelle, Marie-Madeleine Mborantsuo, avec la complicité de certaines autorités du pays, visant à garder le pouvoir à tout prix, et ce au mépris des intérêts supérieurs des gabonais.
« En effet, le 14 novembre 2018, pour éviter de constater la vacance de pouvoir, les neuf juges constitutionnels, dans une décision de triste mémoire, se sont autorisés à ajouter un alinéa à l’article 13 de la Constitution, créant la notion d’indisponibilité temporaire, sans en préciser la durée, alors que l’intérim consécutif à la vacance ou à un empêchement définitif ne peut excéder 60 jours (…). On relève, en effet, que sortant totalement de son rôle, la présidente de la Cour Constitutionnelle apparait désormais comme le véritable détenteur du pouvoir exécutif, n’hésitant pas à s’associer aux actes de gestion courante de l’Etat ou à se poser en chef de voûte des institutions », ont-ils ajouté, en s’appuyant sur plusieurs faits.
Face à ce constat, ils demandent au peuple gabonais et à ceux qui ont la charge de la gestion de l’Etat, d’arrêter de subir des choix opérés par d’autres loin de ses terres et contre ses intérêts, mais d’agir de manière à faire respecter l’autorité de la loi, c’est-à-dire la Constitution, afin que la vacance du pouvoir soit constatée.
« Nous n’avons pas le droit de laisser s’installer plus longtemps cette situation. Parce que nous refusons d’être, par notre silence et notre inaction, les complices de cette imposture (…) Nous demandons que cessent les manœuvres actuelles et que les dispositions légales soient appliquées. Au nom de quel intérêt vital de notre peuple et de notre nation, accepte-t-on ces allers et venues entre Libreville et Rabat chèrement payés par le contribuable », ont-ils martelé.
Levi NGOMA