Santé d’Ali Bongo Ondimba : L’examen médical d’un président est-il une obligation ?
LIBREVILLE (Equateur) – Bien que la pratique ne soit imposée par aucune disposition juridique au Gabon, il n’en demeure pas moins que sous d’autres cieux, notamment aux Etats-Unis d’Amérique, il constitue un fait banal.
Le président gabonais, Ali Bongo Ondimba, a été victime d’un accident vasculaire cérébral (AVC) le 24 octobre 2018 à Riyad en Arabie Saoudite. Après cinq mois de convalescence à Rabat au Maroc, il a repris du service le mardi 26 mars dernier. En observant l’homme de près, il n’a échappé à personne, que la maladie a quelque peu affaibli ses capacités physiques. En effet, le Chef de l’Etat éprouve des difficultés à se déplacer.
Mais pour le mouvement ‘’Appel à agir’’ qui est convaincu que le locataire du bord de mer n’a plus toutes ses capacités cognitives pour continuer à diriger sereinement le Gabon, exige la déclaration de la vacance du pouvoir par la Cour Constitutionnelle. Pour justifier leur demande, il réclame du président gabonais, Ali Bongo Ondimba, qu’il se soumette à un examen médical, qui pourrait confirmer leur thèse. C’est-à-dire que Monsieur Bongo Ondimba n’est plus apte à diriger le pays.
Or, cette demande avait déjà été formulée en novembre 2018 par certains leaders de l’opposition gabonaise, soutenus par quelques membres de la société civile. Malheureusement, elle s’était heurtée au refus catégorique du Pouvoir. Cependant, pourquoi le Pouvoir rechigne-t-il à faire cet examen médical, qui est sous d’autres cieux un fait banal. L’exemple le plus marquant est celui des présidents des Etats-Unis d’Amérique.
Effectivement, au pays de l’Oncle Sam, les candidats à la présidentielle ou le président de la République, rendent compte sur leur état de santé. En 2018 par exemple, John McCain, candidat à la présidentielle, avait communiqué 1100 pages d’analyse médicales, tandis que Barak Obama avait rendu public son bilan de cholestérol et les antécédents cancéreux de ses parents et ses grands parents. Des informations rendues publiques par le mensuel français ‘’Le Dernier Tabou’’ sur la santé des présidents.
En France, la pratique est également admise, même si l’histoire a démontré que les rapports médicaux fournis par les présidents français étaient tous des faux. Citons par exemple Georges Pompidou qui avait prétendu souffrir d’une simple grippe, alors qu’il avait un cancer. Jacques Chirac qui avait été victime d’un AVC, avait déclaré qu’il avait juste eu « un petit pépin », que d’aucuns pourraient comparer à « la fatigue légère » puis « sévère » dont le porte-parole de la présidence de la République, Ike Ngouoni Oyoumi avait fait allusion concernant l’état de santé d’Ali Bongo Ondimba.
Après la mort du président français François Mitterrand en 1996, de nombreux témoignages avaient démontré que ce n’était plus lui, qui dirigeait la France, mais son Premier ministre, Edouard Balladur. Et c’est bien ce que craignent certains gabonais. Que les charges du président de la République soient assumées par quelqu’un d’autre, un proche, qui n’a pas été élu aux suffrages universels par le peuple, tout simplement pour éviter de perdre le Pouvoir.
Contrairement aux présidents des Etats-Unis d’Amérique, aucun président français ne souhaitait que le peuple sache son état de santé réel. Cependant, pourquoi est-il préoccupant de connaitre l’état de santé d’un président de la République ?
Pour répondre à cette question, nous allons donner la parole à l’actuel président français Emmanuel Macron. Candidat à l’élection présidentielle, en avril 2017 il avait déclaré ceci dans un quotidien français au sujet de l’état de santé d’un président français : « Bien sûr que la santé relève de la vie privée. Mais il est normal que les Français soient malgré tout informés, dans des proportions raisonnables, de la santé du président, qui doit être en capacité de remplir sa charge. Je pense donc qu’il faut être irréprochable dans son comportement, loyal vis-à-vis des Français, transparent sur tout ce qui peut avoir de l’importance, sans tomber bien sûr dans une forme de voyeurisme ».
Selon Emmanuel Macron, par extension, un président de la République doit être en capacité de remplir sa charge, il doit être irréprochable dans son comportement, loyal vis-à-vis de son peuple, et transparent sur tout ce qui peut avoir de l’importance sur son état de santé. Et c’est là ce que demande certains gabonais au président Ali Bongo Ondimba, dont le mouvement ‘’Appel à agir’’.
Que le président gabonais fasse donc comme ses homologues américains, s’il estime qu’il n’a rien à cacher. C’est-à-dire qu’il fasse cet examen médical, qu’il le rende public pour rassurer son peuple et mettre fin au débat sur la vacance du pouvoir qui n’a que trop duré.
James RHANDAL