L’appel au dialogue social du Premier ministre : Certains syndicats n’y croient pas !
LIBREVILLE (Equateur) – Malgré les instructions données par le Premier ministre, Julien Nkoghé Békalé, sur la nécessité de dialoguer avec les partenaires sociaux, les membres du gouvernement semblent réfractaires. Ce qui amène les syndicats à douter de la bonne foi du Chef du gouvernement.
C’est le 22 mars dernier, que Julien Nkoghé Békalé, a instruit dans une note circulaire, les membres du gouvernement de créer au sein de leurs départements ministériels, des cellules de dialogue social, pour discuter avec les syndicats dans les plus brefs délais, quant aux revendications des agents publics, afin d’éviter des conflits sociaux qui altèrent la cohésion nationale et la paix sociale.
Deux semaines après cette ‘’haute instruction’’ du Premier ministre, Julien Nkoghé Békalé, rien n’a bougé dans l’ensemble des départements ministériels. Mieux, au lieu d’un dialogue social, certains ministres ont plutôt décidé de proposer au Conseil des ministres, qui les a entérinés, des mesures contre les agents publics, sans avoir consulté au préalable les partenaires sociaux. C’est le cas par exemple des mesures sur la CSRH, le recensement biométrique des agents publics, et la MONP.
Pour le secrétaire général de Dynamique unitaire (DU), Louis Patrick Mombo, à défaut du président de la République, Ali Bongo Ondimba, c’est au Premier ministre, Julien Nkoghé Békalé, de discuter avec les partenaires sociaux, s’il souhaite vraiment trouver des solutions aux questions transversales telles que la régularisation des situations administratives et financières des agents publics, la réduction de 10% des effectifs de la Fonction publique, la réduction de 50% de la main d’œuvre non-permanente (MONP) etc.
« Aucun ministre dans son département ne pourra trouver des solutions à ces problèmes. Seul le président de la République, et dans une moindre mesure le Premier ministre, peut trouver des solutions à ces problèmes », a-t-il déclaré, avant de s’interroger de savoir pourquoi le Chef du gouvernement avait-il peur de discuter personnellement avec les partenaires sociaux.
Selon Louis Patrick Mombo, sans ce dialogue social avec le président de la République ou avec le Premier ministre, aucune mesure d’austérité ne passera.
Pour sa part, Joël Ondo Ella de la Cosynap s’étonne de ce que Premier ministre, Julien Nkoghé Békalé, qui exige un dialogue social entre le gouvernement et les partenaires sociaux, puisse prendre certaines décisions qui engagent le travailleur, sans consulter les syndicats. « Comment comprendre que le gouvernement modifie les dispositions sur les salaires, sans s’en référer à la commission nationale d’étude des salaires, qui est prévue dans le Code du travail ? Comment comprendre que le gouvernement décide de manière unilatérale de geler les recrutement et bien d’autres aspects de la carrière, sans obéir à la Commission consultative prévue dans le statut général de la Fonction publique », s’interroge le président de la Cosynap.
Selon lui, le Premier ministre à travers cette note circulaire sur le dialogue social avec les partenaires sociaux, montre qu’il est « en contradiction avec toutes les décisions fleuves des conseils des ministres, car la promotion du dialogue social veut dire consultation, concertation, négociation dans un cadre formel, avant toutes décisions qui impacteraient la vie des travailleurs ou de l’entreprise. La promotion du dialogue social signifie la mise en place dans l’entreprise et les départements ministériels, des cadres formels bipartites ou tripartites, en vue de prévenir et régler les conflits interprofessionnels et suivre l’exécution des engagements entre les parties ».
Aussi, la Cosynap appelle le gouvernement à la prudence face à l’ensemble des mesures prises actuellement. Elle demande également au Chef du gouvernement de ne pas se limiter à la simple instruction, mais de veiller à mettre en œuvre « Les cadres de dialogue social prévu par les différentes lois et conventions, afin de régler plusieurs conflits avec efficacité et d’en minimiser ou prévenir d’autres, sans faire intervenir la force ou d’autres voient contraires (…) car les effets collatéraux des conflits d’intérêts sont souvent imprévisibles, et nous avons tous la responsabilité de garantir la stabilité par les valeurs de justice sociale et du respect du rôle de chaque composante de la société pour le bien être de tous ».
Rappelons que le dialogue social tant souhaité par le Premier ministre, est une exigence des conventions 135, 144 et 151 de l’OIT en rapport avec les négociations collectives, la consultation, les relations entre l’administration et les syndicats des travailleurs. Mais également des articles 246 à 298 du Code du travail avec le comité permanent de concertation économique, de même que la loi 18/92 du statut général de la Fonction publique.
James RHANDAL