Recensement des enseignants en présalaire : Près de 200 enseignants véreux découverts à l’Estuaire
LIBREVILLE (Equateur) – Une information révélée par le ministre d’Etat à l’Education nationale, Michel Menga M’Essone, au cours du déjeuner de presse organisé lundi 8 avril dernier à Libreville, par le Premier ministre, Julien Nkoghé Békalé.
Au mois de mars dernier, la présidence de la République instruisait le ministre de la Fonction publique, Madeleine Berre, de régulariser la situation administrative et financière de l’ensemble des enseignants en présalaire depuis des années. Afin d’exécuter les instructions de la présidence de la République, le ministre d’Etat à l’Education nationale, Michel Menga M’Essone, a initié un recensement de ces enseignants qui devaient fournir entre autres, leurs diplômes et leurs établissements d’affectation.
Un mois après cet audit, il ressort que sur plus de 500 enseignants en présalaire dans la province de l’Estuaire, près de 200 n’ont pas de diplômes et ne se sont jamais présentés à leurs établissements d’affectation. Autrement dit, près de 200 enseignants sont payés gracieusement depuis des années, par l’Etat gabonais.
Autre révélation du ministre Menga M’Essone, la plupart des enseignants en présalaire dans l’Estuaire, n’ont aucun diplôme de l’éducation nationale ou de l’enseignement supérieur. Ce qui étonne fortement le membre du gouvernement Julien Nkoghé Békalé, qui affirme que selon la norme, pour enseigner dans le secteur de l’Education ou de l’Enseignement supérieur, il faut pourvoir justifier des diplômes obtenus entre autres de l’école normale supérieure (ENS), de l’école normale supérieure d’enseignement technique (ENSET), de l’école normale d’instituteur (ENI) etc. Ce qui n’est pas le cas de plusieurs enseignants explique le ministre de l’Education nationale.
Des informations qui viennent fragiliser les centrales syndicales Dynamique unitaire (DU), la confédération nationale des syndicats de l’éducation nationale (Conasysed) et le syndicat de l’éducation nationale (Séna) qui œuvrent pour la régularisation des situations administratives et financières de ces enseignants.
Interrogés à ce sujet, le secrétaire général du Séna, Fridolin Mve Messa soutient que les affirmations du ministre Menga M’Essone, sont aux antipodes de la vérité, mais qu’il s’agirait plutôt d’une manœuvre du gouvernement « qui consiste à vouloir gagner du temps pour se conformer aux exigences du FMI, qui a recommandé le gel des recrutements pendant 3 ans. Le gouvernement sait combien d’enseignants de l’ENI et de l’ENS ont été formés. Les enseignants des promotions ENI et ENS 2015 à 2017 sont au nombre de 1.673. Le gouvernement a le palmarès de ces écoles. A ce jour il reste moins d’enseignants, parce que nous avons enregistré des décès ».
Concernant les enseignants qui n’ont pas des diplômes obtenus à l’ENI, l’ENS et l’ENSET, Fridolin Mve Messa soutient, qu’ils font partie des jeunes gabonais détenteurs des diplômes scientifiques, que le ministère de l’éducation nationale avait recrutés pour en faire des enseignants. « Cette catégorie est au nombre de 60. Il se trouve aussi que l’enseignement privé protestant s’est mis à recruter ces enseignants selon ses critères et ses besoins. Ce personnel ne nous concerne pas », a-t-il confié.
Dans tous les cas, comment peut-on intégrer à la Fonction publique pour le compte de l’enseignement, des personnes qui ne remplissent par les conditions exigées et qui de surcroit ne sont pas des enseignants de formation ? Comment peut-on intégrer des personnes qui se faisant passer pour des enseignants, n’ont jamais pris leur service au sein des établissements d’affectation, mais on voler l’Etat en touchant un présalaire ? Si le recensement des enseignants en présalaire dans la province de l’Estuaire a révélé près de 200 enseignants véreux, qu’en est-il des autres provinces ?
Cependant, à la question de savoir comment ces enseignants ont-ils fait pour se retrouver en présalaire, alors qu’ils ne remplissent pas les conditions requises, le ministre Michel Menga M’Essone, accuse l’administration, qui a fait preuve de légèreté dans le traitement des dossiers des uns et des autres. Si pour le seul secteur de l’éducation, on se retrouve avec autant de situation saugrenues, qu’en est-il des autres ministères dont plusieurs dossiers sont en attentes d’intégration ? Et que dire de ceux qui ont déjà été recrutés ? Ont-ils des diplômes ? Remplissaient-ils les conditions d’intégration à la Fonction publique ?
Des anomalies qui viennent ici justifier le gel des recrutements et le recensement biométrique des agents publics
James RHANDAL