Procès Blaise Wada : Les raisons de sa libération par la Cour de Cassation
LIBREVILLE (Equateur) – Condamné le 26 avril 2018 à 20 ans de prison par la Cour criminelle spéciale de Libreville, et à verser une amende de 2 milliards de FCFA, Blaise wada, ancien directeur général de l’Unité de coordination des études et des travaux (UCET), a été acquitté vendredi 12 avril dernier par la Cour de Cassation, suite aux nombreux manquements observés dans la gestion de ce dossier par la justice gabonaise.
Blaise Wada est enfin libre ! La Cour de Cassation de Libreville, a ordonné vendredi 12 avril dernier, sa libération, après avoir étudié minutieusement l’appel interjeté par ses avocats, notamment Maîtres Moubembe et Loundou, qui contestaient la condamnation de leur client, qui au regard des faits, était innocent. Et c’est d’ailleurs ces faits, qui avaient obligé la famille de l’ancien directeur général de l’UCET, à organiser une marche de protestation dans la ville de Bakoumba, puis une conférence de presse par ses avocats le 7 juillet 2018 à Libreville, pour justement éclairer l’opinion nationale et internationale, sur ce qu’elle qualifiait de ‘’coup monté politique’’ visant à déstabiliser Blaise Wada dont la cote de popularité serait incontestable dans la localité de Bakoumba.
Déclaré innocent par la Cour de Cassation de toutes les charges qui pesaient sur lui, Blaise Wada qui est toujours incarcéré à la maison d’arrêt de Libreville, respirera l’air de la liberté dans les tous prochains jours. Mais quelles sont les raisons qui ont motivé la décision de la Cour de Cassation, mettant en mal la condamnation infligée à ce dernier par le juge Akoli ?
C’est le 10 janvier 2017 que Blaise Wada a été mis sur mandat de dépôt suite à des accusations de détournement des deniers publics. Il lui est reproché d’avoir détourné 1,7 milliard de FCFA destinés à l’aménagement des bassins versants. Des accusations que le ministère public n’a pas pu démontrer lors du procès du directeur général de l’UCET. Mieux, soutenaient ses avocats, la procédure ayant conduit à son arrestation puis à sa condamnation, était illégale.
D’après les explications de Me. Martial Loundou, données à la conférence de presse l’année dernière, c’est la Cour des Comptes qui aurait dû être saisie préalablement pour permettre l’établissement de la preuve, d’autant plus qu’il s’agissait d’un détournement des deniers publics qui oppose un fonctionnaire à l’Etat. « C’est l’agent judiciaire de l’Etat qui aurait dû porter plainte et produire un arrêté de débet, qui déclenche les poursuites à l’encontre de Blaise Wada », avait expliqué Me. Loundou, avant de soutenir qu’ « aucune démarche n’a été menée dans ce sens. Pire, Blaise Wada n’a été condamné que sur la base d’une simple dénonciation ».
C’est donc ‘’une simple dénonciation’’ sans preuves à l’appui, qui a emmené le ministère public et le juge Akoli, à condamner Blaise Wada à 20 ans de prison.
Nonobstant ce vise de procédure, les avocats du directeur général de l’UCET dénonçaient également l’absence de décision écrite de la condamnation de leur client. Or, selon les allégations de Me. Jean-Paul Moubembe, « depuis la condamnation le 26 avril 2018 de notre client, aucune décision de justice écrite ne nous a été présentée ». Ce qui signifiait du point de vue juridique, que leur client n’avait jamais été condamné et qu’il n’était pas en prison.
La Cour de Cassation qui a été saisie par les avocats de Blaise Wada, a donc eu le temps de regarder le 29 mars dernier, les différents manquements relevés dans ce dossier et de casser la décision de justice rendue par le juge Akoli. Ce qui suscite des interrogations auprès de l’opinion, qui se demande comment un juge qui est parfaitement instruit en matière de procédures judiciaires, puisse condamner un individu sans s’assurer que la procédure ait été respectée ? Comment peut-il ordonner la condamnation de ce dernier, alors qu’il n’y a aucune preuve de sa culpabilité ?
A ces interrogations, la famille et les proches de Blaise Wada y voient ‘’un coup monté politique’’. Selon certains d’entre eux, il faudrait regarder du côté des adversaires politiques de Blaise Wada, qui auraient manœuvré pour l’empêcher de se présenter aux élections législatives d’octobre 2018. L’homme étant très proches des populations de Bakoumba grâce aux nombreuses œuvres caritatives dans la localité et en faveur des jeunes, n’aurait eu aucun mal à remporter cette élection.
Dans tous les cas, la justice gabonaise ayant reconnu son innocence, Blaise Wada devrait très rapidement retrouver tous ses droits civiques, notamment son travail, son argent qui avait été saisi par la justice gabonaise, et le plus important son honneur auprès de l’opinion nationale et internationale.
Levi NGOMA