Le gouvernement va-t-il supprimer la Sogatra ?
LIBREVILLE (Equateur) – Le conseil des ministres du jeudi 13 juin dernier, vient d’entériner le lancement d’une nouvelle entreprise publique de transport urbain, Trans-Urb, pour dit-il venir répondre à la forte demande due à l’explosion démographique du Grand Libreville. Mais selon certaines indiscrétions, cette entreprise publique de transport urbain, annonce plutôt la suppression de la Société gabonaise de transport (Sogatra) qui peine à fonctionner.
Trans-Urb, nouvelle entreprise publique de transport urbain verra le jour au mois d’août prochain. Elle débutera ses activités avec un parc automobile de 300 véhicules. Une bonne nouvelle pour les nombreux chômeurs, car cette nouvelle entreprise de transport offre 300 emplois directs et 200 emplois indirects.
Selon les autorités gabonaises, Trans-Urb est créée pour répondre à la forte demande due à l’explosion démographique du Grand Libreville. Mais pour certains observateurs, cet argumentaire du gouvernement serait un prétexte fallacieux, pour supprimer la Sogatra qui serait actuellement en pleine restructuration.
La Sogatra qui a un parc automobile de moins de 50 bus, des effectifs pléthoriques qui plomb le budget de fonctionnement que l’État donne chaque année (3milliards 600 millions de FCFA en 2018), et une gestion scabreuse, n’arrive toujours pas à remplir les missions qui lui ont été confiées. Mieux, son fonctionnement est régulièrement interrompu par des grèves incessantes des 1000 employés, qui réclament le paiement de leurs arriérés de salaires, que l’État a du mal à régler en intégralité à cause de la situation économique du pays.
Supprimer la Sogatra, pensent certaines personnes, serait la solution trouvée par les autorités gabonaises, pour arrêter de dépenser autant d’argent chaque année pour son fonctionnement, alors qu’elle ne produit pas les résultats escomptés.
Supprimer la Sogatra au nom de la réduction des charges de l’Etat
L’ancien ministre de l’Economie, Jean-Marie Ogandaga avait annoncé, il y a quelques mois, la suppression de plusieurs entités publique, qui ont du mal à fonctionner et à remplir les missions pour lesquelles, elles ont été créées. « Le choix de ces suppressions a été motivé par la prise en compte des critères tels que la nature juridique (pertinence entre les missions assignées à l’opérateur et son statut juridique); la cohérence externe (niveau de chevauchement des missions entre l’agence et les autres opérateurs, entre cette agence et les services centraux); la vitalité financière et l’efficacité (atteinte des objectifs assignés à l’opérateur) », avait-il confié dans un média privé à l’occasion de la suppression de 11 agences publiques par le conseil des ministres du 16 novembre dernier.
Une suppression des entités publiques qui selon lui, allait se poursuivre et permettre à l’État de réduire ses dépenses et de faire des bénéfices de plusieurs milliards de FCFA. « Pour tout vous dire, le gouvernement est pleinement conscient de la nécessité d’aller au-delà de ces 11 agences supprimées », avait-il dit.
En se référent aux propos du ministre Ogandaga, il semble évident que la Sogatra est sur le point d’être supprimée. D’ailleurs, le ministre des Transports Justin Ndoundagoye, l’avait laissé entendre en décembre dernier, lors d’une rencontre avec la direction générale de la Sogatra, au regard de la situation difficile dans laquelle se trouve cette entreprise publique de transport urbain. « On ne peut plus, au regard de la réalité de Sogatra avec 40 bus, continuer à trainer un effectif de près de 1000 agents, faire face à l’ensemble de ces effectifs », avait déclaré le ministre des Transports.
De même, une rumeur persistante dans les rues de Libreville, annonçait déjà en cette période la création d’une nouvelle entreprise de transport pour remplacer la Sogatra, que l’État n’arrive plus à soutenir. D’après cette rumeur, un plan social allait être mis en place et permettre à plusieurs employés de la Sogatra d’être récupérés par cette nouvelle entreprise. Trans-Urb serait-elle cette entreprise préparée en secret par le gouvernement pour remplacer la Sogatra ?
C’est fort probable, car le gouvernement qui cherche à tout prix à réduire les charges de l’État, conformément aux orientations du Fonds monétaire international (FMI), ne peut pas se permettre de subventionner deux entreprises publiques, qui exercent la même activité et avec les mêmes missions. Dans le cas contraire, à quoi aurait-il servi de supprimer le Conseil gabonais des chargeurs (CGC), la Société nationale de logement social (SNLS) et bien d’autres ?
Mais selon un communiqué du ministère des Transports, Trans-Urb ne vient nullement supprimer la Sogatra, mais l’aider à pallier la difficulté de mobilité des populations entre Libreville, Akanda, Owendo et Ntoum. « (…) Trans-Urb participera de la diversification et de l’amélioration de l’offre de transport… », dit le communiqué. Des affirmations qui sont de notre point de vue, en contradiction avec les propos du ministre Ogandaga, et avec les exigences du FMI, qui demande au Gabon de réduire les charges de l’État. Car, en créant une entreprise publique de transport urbain dont les missions se chevauchent avec celles de la Sogatra, le gouvernement augmente plutôt les dépenses de l’État. La suppression de la Sogatra est donc évidente. Que faudrait-il alors faire pour ses 1000 salariés ?
L’État doit payer les droits légaux des 1000 agents de la Sogatra
La suppression de la Sogatra engagera automatiquement le paiement des droits légaux des 1000 employés de cette entreprise publique, conformément au Code du travail. Cependant, le gouvernement pourrait-il les payer ? En effet, ce n’est un secret pour personne, que l’État gabonais est un mauvais payeur. Pour preuve, les employés contractuels de la radio panafricaine Africa n°1 et de l’Agence gabonaise de presse (AGP), pour ne citer que ceux-là, attendent depuis des années, le paiement de leurs droits légaux par l’État.
Les employés de la Sogatra qui se retrouveront certainement à la rue, seront face à la même situation que les déflatés d’Africa n°1 et de l’AGP.
James RHANDAL