Il y aurait des corrompus dans le gouvernement gabonais

LIBREVILLE (Equateur) – Le ministre de la lutte contre la corruption, Francis Nkea Ndzigue, l’a affirmé le jeudi 20 juin dernier à Libreville, lors de sa prise de fonction. Il promet traquer tous les corrompus de la République dont ceux qui sont au gouvernement.

« Je préfère déjà vous dire, que contrairement à ce qu’on pense, cette lutte ne se limitera pas seulement aux petits corrompus du quartier. Nous allons attaquer les corrompus qui sont au gouvernement. S’ils ont un dossier, on l’amènera à la télévision et on dira : tel membre du gouvernement est un corrompu, il faut qu’il sorte », a déclaré le ministre de la lutte contre la corruption, Francis Nkea Ndzigue, lors de sa prise de fonction.

Une déclaration qui défrais la chronique sur la toile, à quelques semaines seulement, après la formation du nouveau gouvernement, que le président de la République, Ali Bongo Ondimba, exhortait à faire preuve d’exemplarité, de probité et d’intérêt général pour mener à bien sa vision, en vue du bien-être des gabonais et du développement du pays.

En affirmant qu’il y a des corrompus au gouvernement, Francis Nkea Ndzigue, qui est par ailleurs avocat, semble révéler, qu’il y aurait une erreur de casting dans l’actuelle équipe gouvernementale. Que certains membres fraichement nommés ou reconduits, ne devraient pas être au gouvernement, car ayant des ‘’mains sales’’. Comment est-ce possible, alors que le Chef de l’Etat dans son discours à la nation du samedi 8 juin dernier, a clairement exprimé son aversion pour ce type de personne, qui retarde le développement du Gabon ?

A cette question, seul le Premier ministre, Julien  Nkoghé Békalé, pourrait avoir la réponse, étant donné que c’est son gouvernement qui est mis en cause. Mais pour l’heure, M. Nkea Ndzigue promet de scruter les dossiers des uns et des autres, avant de les exposer en public. « (…) S’ils ont un dossier, on l’amènera à la télévision et on dira : tel membre du gouvernement est un corrompu, il fat qu’il sorte », a-t-il soutenu.

Selon certaines indiscrétions, cette affirmation rocambolesque du ministre Nkea Ndzigue, est une faute grave envers le gouvernement auquel il appartient. « D’après l’article 33 de la Constitution gabonaise, les membres du gouvernement sont politiquement solidaires. Ils doivent se soutenir et se protéger. De même, ils doivent assumer ensemble l’échec de leur gestion », confie un responsable de l’administration publique, qui a requis l’anonymat.

Par ailleurs, souligne un huissier de justice qui a requis également l’anonymat, cette déclaration de l’avocat, est une accusation grave à l’endroit de certains citoyens de la République, furent-ils des membres du gouvernement. « En tant qu’homme de loi, brillant avocat, il sait parfaitement qu’une accusation qui ne peut être prouvée, est une diffamation qui est passible de poursuites judiciaires, et même d’emprisonnement. Ce qui signifie donc, qu’il sait de quoi il parle », explique l’huissier de justice.

Au regard de ce qui précède, il est évident que Francis Nkea Ndzigue en tant qu’homme de loi, ne peut pas prononcer de telles paroles à la légère. Il a donc les preuves de ce qu’il avance. Même s’il n’a cité personne, il n’en demeure pas moins, que Julien Nkoghé Békalé étant le Chef du gouvernement, est directement indexé. Va-t-il demander à son ministre de s’expliquer et de présenter des excuses publiques ? Ou va-t-il le sortir du gouvernement ?

Les honorables députés qui ont la responsabilité de suivre l’action du gouvernement, et  qui ont certainement écouté le ministre de la lutte contre la corruption, pourraient se saisir de cette affaire et demander plus d’explications au membre du gouvernement. De même, la justice gabonaise pourrait aussi se saisir de cette affaire, et mettre tous les membres du gouvernement en examen, afin de vérifier l’accusation publique de Francis Nkea Ndzigue, et découvrir qui d’entre eux, sont les corrompus dénoncés partiellement par l’avocat.

Toutefois, les gabonais qui ont clairement entendu la déclaration de Maitre Nkea Ndzigue, attendent que le Premier ministre se prononce sur cette grave accusation contre les membres du gouvernement qu’il a lui-même choisis. Affaire à suivre !

James RHANDAL