Impliquer les parlementaires dans la lutte pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle au Gabon
LIBREVILLE (Equateur) – C’est l’objectif de la journée de sensibilisation des parlementaires gabonais sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle, organisée le mardi 1er octobre dernier à Libreville, par l’organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).
D’après le coordonnateur résident du système des nations unies au Gabon, Stephen Jackson, l’insécurité alimentaire et nutritionnelle dans le monde en général, et au Gabon en particulier, prend des proportions inquiétantes au point d’affecter insidieusement la santé de toutes les couches sociales, « particulièrement les femmes enceintes, allaitantes et des enfants en bas âges », a-t-il souligné.
Eu égard à ce contexte, il était donc urgent pour le système des nations unies d’organiser une journée à l’endroit des parlementaires gabonais, afin de les sensibiliser sur le sujet. « Le dernier rapport publié conjointement par la FAO, le FIDA, l’OMS, le PAM et l’UNICEF sur l’état de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde, indique que la faim ne diminue toujours pas depuis trois ans et que l’obésité est toujours à la hausse », a-t-il dit.
Parlant particulièrement de l’Afrique subsaharienne, M. Stephen Jackson a révélé que 256 millions de personnes sont sous-alimentées. Et en Afrique centrale dont fait partie le Gabon, 163 millions de personnes sont exposées à l’insécurité alimentaire et nutritionnelle.
« Au Gabon, par exemple et en dépit des efforts consentis par les autorités politiques pour accroitre la production agricole nationale et garantir à la population croissante une alimentation suffisante, le pays demeure encore très dépendant de l’extérieur pour satisfaire ses besoins alimentaires et nutritionnelles. (…) Le rapport global des Nations unies publié en 2018 montre qu’au Gabon, le taux de malnutrition chez les enfants de moins de cinq ans est de 18%, et celui de surpoids est de 46,4% chez les femmes enceintes et de 33,7% chez les hommes. Le taux d’anémie quant à lui est presque 51% chez les femmes en âge de procréer », a-t-il exposé aux parlementaires gabonais.
Et pour montrer la gravité de la situation, M. Jackson a soutenu qu’avec un taux de malnutrition de l’ordre de 18%, les enfants gabonais exposés à cette carence, sont disposés à avoir un retard du développement cérébral et intellectuel, à devenir obèses, et à avoir des retards scolaires plus élevés, une faible productivité, de faible revenu, et plus grave encore, ils ne participeront pas pleinement au développement économique du Gabon.
Pour lutter donc efficacement contre l’insécurité alimentaire et nutritionnelle qui menace la santé des populations gabonaises, le Coordonnateur résident du système des Nations unies, a demandé aux parlementaires gabonais de s’impliquer dans cette bataille, notamment en prenant des lois qui vont traduire en actes concrets, les différents engagements pris par le Gabon ces dernières années à travers la ratification d’un ensemble de Conventions internationales et l’adoption des politiques nationales.
« Nous sommes convaincus que les parlementaires sont un maillon essentiel pour inscrire l’importance de la sécurité alimentaire et nutritionnelle sous la protection constitutionnelle, par l’adoption des mesures législatives fondamentales et plus durables, qui puissent être prises au niveau national pour se conformer aux obligations internationales », a-t-il conclu.
A la suite du Coordonnateur résident du système des Nations unies, le sixième vice-président de l’Assemblée nationale, Raphaël Ngazouzé a insisté sur l’impératif de créer des cadres législatifs, politiques et juridiques bien conçus, des budgets publics adéquats et une meilleure allocation des ressources aux plans et programmes nationaux. « Les systèmes alimentaires seront de ce fait améliorés et garantiront des régimes sains aux populations », a-t-il soutenu.
Hormis la sensibilisation des parlementaires sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle, cette journée avait également pour objectif de mettre en place l’alliance parlementaire pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle, qui a pour objectif d’aider les parlementaires gabonais et la FAO à travailler en synergie pour améliorer durablement la situation nutritionnelle des populations.
Peu avant la fin de cette journée de sensibilisation, les parlementaires de l’Assemblée nationale et du Sénat, ont eu droit à un exposé de la chargée de la nutrition du Bureau FAO pour l’Afrique centrale, sur le thème : investir dans la nutrition, contribution des alliances parlementaires.
La mise en place du bureau de l’alliance parlementaire pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle a clos cette journée, avec notamment la désignation de la présidente du Sénat, Lucie Milebou-Aubusson comme présidente d’honneur, le président de l’Assemblée nationale, Faustin Boukoubi en tant que président actif, et l’honorable Yves Fernand Manfoumbi en qualité de secrétaire général de l’alliance.