Fermeture des débits de boissons aux abords des établissements scolaires : une mesure qui n’aura aucun effet
LIBREVILLE (Equateur) – Cette décision qui d’après le ministre Edgard Anicet Mboumbou Miyakou, a pour objectif de lutter contre les violences en milieu scolaire au Gabon, ne prospérera pas, car les solutions à la problématique des violences en milieu scolaires sont ailleurs.
La décision du ministre de l’Intérieur, de la Justice, garde des Sceaux, Edgard Anicet Mboumbou Miyakou, de fermer les débits de boissons aux abords des établissements scolaires, n’est pas nouvelle au Gabon. En effet, le Conseil des ministres de décembre 2009, avait déjà décidé de la fermeture de ces commerces jouxtant les établissements scolaires du Gabon. La raison était la même que celle brandie par Edgard Anicet Mboumbou Miyakou dans son communiqué du 10 octobre dernier. Malheureusement, comme nous le constatons tous, cette mesure n’a jamais abouti. Mieux, la prolifération des débits de boissons et l’insécurité au sein des établissements scolaires, a pris des proportions inquiétantes ces dix dernières années.
Aujourd’hui, cette insécurité qui a plusieurs visages et qu’on a voulu éviter à nos enfants, notamment en fermant les débits de boissons, est bien présente au sein des Collèges et Lycées du Gabon, sous le regard impuissant des chefs d’établissements et des parents. Pour preuve, le 20 décembre 2016, un élève de 5ème du Lycée national Léon Mba, a été tué à l’arme blanche dans l’enceinte de l’établissement par l’un de ses condisciples.
En 2017, un autre élève du CES Edouard Ekogha Mengue d’Oyem, a également été tué à l’arme blanche par un autre élève toujours au sein de l’établissement. Récemment, au mois de mai 2019, au Lycée Jean Baptiste Obiang Etoughe du Pk9 de Libreville, un autre élève avait été tué avec une bouteille cassée par un condisciple de classe dans l’établissement. Les trois faits que nous venons d’évoquer, n’ont pas eu lieu dans un débit de boissons. Et les élèves meurtriers n’étaient pas sous l’effet des stupéfiants ou d’alcools.
Toujours dans les faits, nous allons prendre trois autres exemples qui ne mettent pas en cause les débits de boissons quant à l’insécurité qui sévit au sein des établissements scolaires. Partons dans le Haut Ogooué, à Okondja, où un élève de 4ème du Lycée Luc Okenkali, a sauvagement agressé son enseignant le 23 janvier dernier. L’agression s’est déroulée dans l’établissement, et l’élève n’était pas sous l’effet des drogues ou de l’alcool.
Dans le même registre, le 15 janvier dernier au Lycée Diba-Diba de Libreville, un élève en classe de 3ème, va également violenter son enseignant de théâtre, qui aurait injurié ses parents. Ici le constat est le même. L’agression se passe dans l’établissement et l’élève n’est pas sous l’emprise des stupéfiants ni d’alcool. En janvier 2010 et février 2013, à Libreville et à Mouila, deux enseignants avaient été interpellés après avoir abusé sexuellement de deux jeunes élèves de 14 ans. Les faits se déroulent certes à l’extérieur des établissements, mais par deux enseignants.
Nous voyons par ces différents faits, que l’insécurité qui menace l’avenir scolaire des apprenants des Lycées et Collèges du Gabon, n’est pas toujours du fait des débits de boissons, qui dans certaines circonstances, peuvent avoir leur part de responsabilité. Il est donc évident, qu’il y a un problème d’éducation qui concerne directement les parents, leurs responsabilités face à l’éducation de leur progéniture. Car comment comprendre qu’un élève bien éduqué par ses parents puisse frapper sur son enseignant, se balader avec une arme blanche dans son sac et l’utiliser sur un condisciple ?
Hormis le rôle que les parents doivent jouer dans l’éducation de leurs enfants, il y a également la responsabilité morale des enseignants, qui foulent aux pieds leur rôle de pédagogues pour se transformer en prédateurs sexuels et ‘’tortionnaires psychologique’’ des élèves, qu’ils n’hésitent pas à humilier en public, lorsqu’ils en ont l’occasion. Autant de dérives qui peuvent être la cause de l’insécurité que nous dénonçons au sein des établissements scolaires.
Le gouvernement gagnerait donc à traiter le problème dans le fond, en impliquant les parents, les enseignants et les élèves, d’autant plus que la décision de fermer les débits de boissons à proximité des établissements scolaires, a déjà démontré ses limites. Effectivement en 2010, les forces de défense et de sécurité avaient sillonné les différentes localités du Gabon pour fermer ces commerces jouxtant les établissements scolaires. Malheureusement l’opération s’est vite essoufflée. En 2012 à Libreville, le 4ème maire adjoint Léandre Nzué, avait tenté de relancer l’opération qui s’est éteinte comme un feu de paille. La Préfecture de police de Libreville a également essayé en 2018, mais sans succès.
James RHANDAL