Une journée de prière pour la paix au Gabon, sans les principaux concernés…
LIBREVILLE (Equateur) – Les leaders et fidèles des communautés religieuses du Gabon, se sont retrouvés dimanche 5 janvier dernier à Libreville, pour invoquer le Tout-puissant, afin qu’il continue de maintenir le Gabon dans la paix, au regard de la crise sociopolitique que traverse le pays depuis 2016. Malheureusement, cette grande rencontre de prière de repentance et de paix, s’est faite sans la présence du Chef de l’Etat gabonais, Ali Bongo Ondimba qui incarne la nation.
Au lendemain de l’élection présidentielle de 2016, qui a vu la victoire du président de la République, Ali Bongo Ondimba, le Gabon est rentré dans une profonde crise sociopolitique, marquée notamment par la défiance du pouvoir en place par certains acteurs politiques de l’opposition et des leaders de la société civile, mais également par des mouvements de grèves tous azimuts suite au licenciement abusif de plusieurs gabonais, plongés dans une précarité sans précédent.
La paix et la solidarité nationale fragilisées par des discours de révolte, de haine et d’appels à l’insurrection, ont donc obligé les leaders des confessions religieuses du pays, l’Église catholique romaine, l’Église évangélique, la Communauté musulmane, la Communauté pentecôtiste, charismatique et du réveil, à convoquer le dimanche 5 janvier dernier au Palais des Sports de Libreville, une journée nationale de prière de repentance pour la préservation de la paix.
Les chrétiens de ces différentes communautés religieuses, ont donc pris d’assaut massivement le Palais des Sports du 3ème arrondissement de Libreville, afin d’implorer le Tout-puissant pour la stabilité et la paix du pays. A genoux et en pleure, chrétiens et musulmans, ont adressé des supplications à celui qui est capable de préserver le Gabon du chaos.
Toutefois, des leaders ecclésiastiques qui ont refusé de prendre part à cette grand-messe religieuse, s’interrogent sur les réelles motivations de ce rassemblement, qui pour eux semble être plutôt un soutien de plus au président gabonais, Ali Bongo Ondimba, comme ce fut le cas le 9 juin 2016, au stade de Nzeng-Ayong de Libreville. Car s’interrogent-ils, comment peut-on organiser une journée nationale de prière de repentance pour la paix, sans que les principaux responsables de cette crise y prennent part ?
D’après ces hommes de Dieu qui ont requis l’anonymat, le Chef de l’Etat et toute la classe politique du pays, majorité comme opposition, auraient du participer à cette journée, afin de se repentir pour tout le mal qu’ils ont fait à la nation. Pour soutenir leurs allégations, ils rappellent qu’en 2008, l’ancien président du Gabon, feu Omar Bongo Ondimba avait assisté à la journée nationale de repentance organisée par la Communauté pentecôtiste et charismatique des églises de réveil (CPCR) dirigée par le Révérend Michel Francis Mbadinga.
Non seulement Omar Bongo Ondimbai s’était repenti au nom du peuple et des dirigeants, de tout le mal qui avait été fait dans le pays, mais il avait surtout pris un nouveau départ en remettant la nation gabonaise entre les mains du Tout-puissant. « Si cette journée nationale de prière œcuménique était sincère, le président de la République aurait du être là avec toute la classe politique. Leur absence donne l’impression, qu’ils ne sont pas prêts se repentir pour le bien de la nation », a confié l’un d’entre eux.
« Si les leaders religieux se sont repentis, il faudrait également que le Chef de l’Etat qui est le garant de la nation et toute la classe politique se repentent pour que la faveur divine soit accordée au Gabon », a souligné un autre.
En se référent à la sainte bible, notamment les livres de Samuel et des Rois, ces hommes de Dieu soutiennent que la repentance d’une nation pour implorer le pardon et la grâce divine, s’est toujours faite en présence du roi, qui était responsable de l’état spirituel du peuple. « La repentance devait commencer par lui et les autres dirigeants. C’est pourquoi nous pensons que cette journée nationale de prière n’est pas sincère, car le Chef de l’Etat et les autres dirigeants du pays doivent aussi se repentir », ont-ils indiqué.
Levi NGOMA