Discours du président de l’Assemblée nationale, à l’occasion de l’ouverture de la Première session ordinaire 2020 de la 13ème législature

Monsieur le Premier Ministre, Madame le Président du Sénat,
Madame le Président de la Cour Constitutionnelle,
Messieurs les Présidents des Institutions Constitutionnelles,
Mesdames et Messieurs les Membres du Gouvernement,
Mesdames et Messieurs les Membres du Corps Diplomatique et consulaire,
Madame et Monsieur les Maires,
Honorables Députés, Chers collègues,
Distingués Invités,
Mesdames, Messieurs.

Le temps dans son cours irréversible, vient de nous faire franchir les portes de l’année 2020. Une année qui se singularise par la célébration du premier anniversaire de la 13ème législature de l’Assemblée Nationale, à laquelle nos électeurs nous ont fait l’honneur de siéger. Nous réitérons nos remerciements à la population gabonaise et saurons lui manifester notre reconnaissance en accomplissant pleinement nos missions.

J’associe à ces sentiments de reconnaissance, les hiérarchies de nos partis politiques respectifs, ainsi que toutes les personnalités de la République qui nous assistent régulièrement et nous entourent de leur sympathie, notamment Mr le Premier Ministre, Mesdames et Messieurs les Présidents des Institutions Constitutionnelles et autres autorités. Quant à vous, mes chers collègues, à l’issue de cette première année d’exercice parlementaire bien pleine, laborieuse mais fructueuse, je vous souhaite un JOYEUX ANNIVERSAIRE.

 

Mesdames et Messieurs, ne m’étant pas astreint à la tradition interne des vœux annuels, je voudrais profiter de la présente occasion, à l’orée de notre deuxième année, pour souhaiter que 2020 soit une année où, bien plus qu’auparavant, la paix, la stabilité et la construction du GABON constituent le leitmotiv de tous les responsables publics dont nous faisons partie, afin que prévalent davantage de patriotisme, de dextérité, d’efficacité et d’engagement au service de l’intérêt collectif de la population gabonaise.

Plus qu’un rêve et un vœu, je crois à la capacité et la détermination de tous les responsables pour agir résolument à la satisfaction des principaux besoins de la population que nous représentons. Tout comme je crois en l’esprit patriotique de tous les Acteurs publics, pour œuvrer en faveur de la paix sociale et la cohésion nationale, terreaux de la construction et du développement.

J’en suis d’autant plus persuadé que tel un Général battant le rappel des troupes afin de combattre plus efficacement l’ennemi, en l’occurrence la pauvreté, le Président de la République, clé de voûte de toutes les institutions et qui, aux termes de l’Article 8 de notre Loi Fondamentale, « détermine la politique de la nation », S. E. Ali BONGO ONDIMBA, prône désormais la culture des résultats, contre les effets d’annonce.

 

Dans son adresse du 31 décembre dernier, il a donné des instructions au Gouvernement, préfigurant à mes yeux, la voie privilégiée pour consolider la paix, promouvoir le développement et encourager le partage, au moyen d’une politique de solidarité nationale plus volontariste. Cette solidarité nationale prônée par le Chef de l’Etat, les Députés la considèrent comme un des piliers de notre vivre-ensemble, un filet de sécurité dont nous devons veiller à la solidité des mailles, dans l’exercice de nos missions constitutionnelles.

Mesdames et Messieurs, permettez qu’avant de poursuivre mon propos, je puisse rappeler certaines dispositions de notre Constitution, pour éclairer les démarches officielles de notre institution. En effet, aux termes de l’article 28, le Gouvernement est responsable devant le Président de la République et devant l’Assemblée Nationale, avec l’ensemble de l’administration dont il dispose.

Le vote de confiance prescrit à l’article 28a, par lequel les Députés peuvent confirmer à la majorité absolue la décision du Chef de l’Etat nommant le Premier Ministre et son Gouvernement n’abroge pas notamment l’article 36, qui confère au parlement le pouvoir de contrôle de l’action gouvernementale et d’évaluation des politiques publiques, ni même les Articles 61 à 65 qui en précisent les modalités. Autrement dit, quelle qu’en soit la motivation, que ce soit par conviction ou par discipline militante, ce qui est loin de constituer une exclusivité gabonaise, voter la confiance au PM, n’exonère pas les Députés de leur obligation constitutionnelle de contrôler l’action gouvernementale.

Nous avons des comptes à rendre à la population qui, espérant obtenir l’amélioration de son existence, a les regards tournés vers nous, ses mandataires légaux.

La population nous a élus pour voter des lois dans son intérêt et veiller à la mise en œuvre par le gouvernement, de la politique sur la base de laquelle elle a accordé ses suffrages au Chef de l’Etat. De surcroit, la jeunesse, de plus en plus éveillée, de plus en plus vigilante, est consciente que le débat constructif doit se dérouler dans l’hémicycle et non dans la rue. Les jeunes portent légitimement leurs espoirs sur les élus, tout en guettant le moindre faux pas de toute la classe politique, quel qu’en soit le bord, en vue de nous « sanctionner » en temps opportun, si nous leur en donnons le moindre prétexte.

 

Les expériences sous d’autres cieux devraient nous inspirer. C’est donc notre bon droit et un acte patriotique, que d’interpeler ou interroger les membres du gouvernement, et d’en évaluer objectivement l’action, aidant par là même le Président de la République à s’assurer de l’efficacité de ses collaborateurs. Aussi continuerons-nous inlassablement à exercer cette obligation constitutionnelle, dans un esprit républicain, plutôt que d’en laisser l’initiative à la rue.

 

Après cette parenthèse, revenant à l’allocution de fin d’année du Chef de l’Etat, S.E Ali BONGO ONDIMBA, son exhortation au renouveau des services publics arrive à point nommé. Il suscite un regain d’espoir pour la population qui déplore la dégradation dudit service public et ne sait plus à quel saint se vouer. En effet, la notion de service public disparaît inexorablement : les services réputés publics deviennent aléatoires pour les usagers, bien qu’ils paient les impôts, mais lucratifs pour des acteurs, pourtant régulièrement rémunérés à cet effet.

 

De même, alors qu’elle espérait le contraire, vu l’accroissement notoire des centres religieux, la population, attachée aux vertus de la paix et de l’harmonie sociale, déplore que la classe politique et la société civile se perdent parfois en conjectures, dans des querelles byzantines, engendrant le développement de la haine, la calomnie et la diffamation, fléaux accrus par l’intrusion insidieuse des réseaux sociaux dans nos vies. Conséquemment, la violence s’enracine. Elle s’étend jusque dans le milieu scolaire, compromettant l’avenir de nombreux enfants. Ainsi, avons-nous déploré des pertes en vies humaines aussi bien dans la rue que dans des établissements scolaires.

 

J’en profite pour présenter nos sincères condoléances et notre compassion aux familles de toutes les victimes innocentes. Tout en encourageant le renforcement des mesures pédagogiques et coercitives en milieu scolaire, j’implore nos concitoyens à faire chacun son introspection et à bannir des agissements d’un autre âge, qui sévissent malheureusement sous d’autres cieux.

De grâce, PLUS JAMAIS ÇA !

Phénomène aggravant, les stupéfiants provoquent des comportements incontrôlables, engendrent des cas de troubles mentaux de plus en plus nombreux hélas, portant préjudice aux parents, au voisinage et à la société. Il urge que les services compétents réunissent les conditions d’enrayement de ce phénomène et de prise en charge de nos jeunes, victimes de l’espièglerie de dealers véreux.

Un autre fléau est susceptible de gangrener notre pays : des bandes organisées d’expatriés écument dangereusement nos forêts, pour en exploiter des richesses de nos sols et sous-sol, au vu et au su, si ce n’est avec la complicité des autorités. Sachant que sous d’autres cieux ce phénomène engendre des conflits dévastateurs, il importe de le prendre urgemment à bras le corps.

A l’instar de nos mandants, nous sommes avares de compliments, ne soulignant le plus souvent que les carences. Qu’à cela ne tienne, nous apprécions à sa juste mesure, l’anticipation par le Gouvernement des dispositions préventives pour parer à toute éventualité afférente à ce mal galopant, le coronavirus. Nous l’encourageons à accroître la vigilance, car les foyers se rapprochent. Que Dieu en épargne notre cher pays. Tout comme nous acclamons la décision du Chef de l’Etat d’envoyer un soutien financier à nos étudiants en Chine.

Dans le même ordre d’idées, nous nous félicitons de la réhabilitation progressive tant attendue du bourbier du PK _ et des travaux initiés sur quelques axes de la voirie de Libreville. Mais sans vouloir en accabler le chef du département, je ne saurais passer sous silence les épineux problèmes relevant de l’hydre des infrastructures, tant il reste encore énormément à faire.
Sinon, de nombreux collègues, de toutes les provinces, m’en voudraient, eux qui rapportent sans cesse des témoignages relatifs aux obstacles que constituent l’état du réseau routier, des voiries urbaines et de l’assainissement de nos villes. Aussi, sous réserve d’une alternative crédible, réitérons-nous nos trois suggestions afférentes à l’amélioration des infrastructures routières et urbaines :

 

Il s’agissait de : 1) : un plan d’urgence pour gérer les situations de crise pendant cette grande saison de pluies ; 2) : une loi de programme pour assurer la planification à moyen terme des travaux d’infrastructures sur l’étendue du territoire ; 3) : l’équipement approprié de subdivisions de TP et des municipalités, en vue de garantir l’entretien régulier du réseau routier et des canalisations d’eau, de Libreville et Port-Gentil notamment.

En outre, il ne pourrait échapper à un Magistrat, que la plupart des procès au Tribunal de Libreville portent sur des litiges fonciers.

En désespoir de cause, faute de pouvoir acquérir régulièrement une parcelle de terrain, même non viabilisée, des compatriotes sont à la merci d’escrocs de tous acabits. Plus que de maisons, la population attend de l’Etat des terrains constructibles. Quant au chemin de fer, il est devenu un danger public potentiel, vu le nombre d’accidents plus ou moins graves enregistrés ces derniers temps. Or, en l’absence de routes et d’avions, pour aller et venir dans certaines provinces, les voyageurs n’ont guère de choix que de s’astreindre à passer parfois 48 heures dans le train, sans commodité particulière, en priant Dieu pour arriver à destination, sains et saufs.

Une action urgente s’impose, afin d’éviter la catastrophe ! L’intérêt que lui portent notamment les exploitants miniers, qui en sont désormais les utilisateurs privilégiés, devrait permettre l’amélioration et la sécurisation de cette voie, ainsi que l’acquisition de wagons appropriés.

Par ailleurs, la Représentation Nationale, constamment à l’écoute de la population et vivant ces réalités, ne peut demeurer insensible au développement de nouvelles pratiques sociétales qui contribuent indubitablement à la paupérisation, alors que nous devrions rechercher toute source d’économie en ces temps de crise, en vue d’investir utilement. Bien que ces pratiques ne soient pas forcément du domaine de la loi et donc de la compétence des législateurs que nous sommes, je prends le risque d’en relever trois, dont les conséquences sont perceptibles au niveau de toutes les familles.

1- Le MARIAGE. Dans la lancée des Ministères compétents qui ont initié deux actions judicieuses de sensibilisation, l’une sur l’importance du couple, socle de la société et l’autre sur la lutte contre les violences faites aux femmes, je voudrais attirer notre attention sur une pratique qui aggrave la vulnérabilité des femmes.

 

En effet, le mariage est une institution noble, revalorisant ceux qui le contractent. Mais il est devenu une hantise pour beaucoup de jeunes, qui l’appréhendent désormais, au point de laisser les femmes dans une situation précaire, qui les rend vulnérables en cas de disparition du concubin. Eu égard à son coût prohibitif, consécutif à la multiplication des étapes, au contenu des « cadeaux » et à la spéculation des prestataires, sans compter des artifices superfétatoires, beaucoup de jeunes gens esquivent le mariage. Les parents des couples qui se résolvent à se marier en sortent éprouvés, les intéressés eux-mêmes parfois endettés ou restent relativement « affamés » pendant plusieurs semaines…

 

2- LES OBSÈQUES deviennent des sources considérables de dépenses pour qui perd un parent, en plus de la charge émotionnelle. La solidarité envers un malade devient quasi inexistante : nous mobilisons beaucoup moins d’énergie et de ressources pour sauver un parent, un ami malade, que pour organiser ses obsèques de manière dispendieuse, laissant la veuve et les orphelins dans le dénuement…

 

3- LES ALIMENTS ET MEDICAMENTS DITS « DE LA RUE », que consomment nombre de nos compatriotes constituent des fléaux dont les conséquences sur la santé s’avèrent néfastes et très couteuses à terme. Il importe que les élus nationaux appuient les actions gouvernementales dans ces domaines. L’objectif que je vise à travers ces évocations est de susciter des débats libres, en vue d’en identifier si possible, des solutions idoines. Il va sans dire que notre volonté est inébranlable, de collaborer pleinement avec les autres Institutions, ainsi que les concitoyens constructifs et tous ceux qui veulent du bien du Gabon, en vue de faire évoluer le dispositif législatif de notre beau pays.

 

Ainsi, nous sommes totalement disposés à participer à des concertations responsables sur les dernières recommandations réitérées par la Cour Constitutionnelle et d’autres suggestions pertinentes éventuelles. L’Assemblée Nationale est à cet égard, à la disposition de tous. Enfin, nous exhortons le Gouvernement à poursuivre son œuvre d’allègement de la dette, y compris la dette intérieure, à capitaliser et pérenniser les caravanes médicales initiées notamment par la Présidence de la République, à renforcer les mesures d’incitation à l’investissement privé, en vue de relancer durablement la croissance économique, en s’appuyant sur nos amis et partenaires au développement, que nous remercions d’avance pour leur soutien, à travers leurs dignes représentants dans cette salle.

 

Excellences, Mesdames et Messieurs, Chers Collègues, j’espère que cette session connaîtra moins de soubresauts que la précédente et que les nerfs des députés ne seront plus soumis à rude épreuve. Sur ce, tout en souhaitant plein succès à nos travaux pendant ces quatre mois à venir,

 

Je déclare ouverte la première session ordinaire de l’année 2020.

 

Je vous remercie.

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