Gabon/Recensement biométrique : Les syndicalistes saluent la publication des résultats, mais …
LIBREVILLE (Equateur) – Les syndicalistes du secteur public ont salué le lundi 16 mars dernier à Libreville, la publication des résultats partiels du recensement biométrique du 30 août dernier, par le ministre de la Fonction publique, Madeleine Berre. Entièrement d’accord avec le principe de la radiation des agents publics véreux, ces partenaires sociaux encouragent le membre du gouvernement à finaliser ce processus.
C’est au cours du Conseil des ministres du lundi 16 mars dernier à Libreville, que le ministre de la Fonction publique, Madeleine Berre, a rendu officielle la publication des résultats partiels du recensement biométrique du 30 août dernier. Sur les 103 723 agents publics identifiés sur le fichier unique de référence (FUR), seuls 92 085 agents ont été recensés, 11 638 manquent à l’appel, et 2 951 agents recensés ont des dossiers incomplets ou litigieux.
Face à ces résultats qui semblent révéler la présence des fonctionnaires fantômes que les partenaires sociaux ont toujours dénoncés, le Conseil des ministres a entériné les mesures proposées par le ministre Berre, notamment la radiation des effectifs de la Fonction publique des agents fantômes et ceux dont les dossiers ne seront pas en règle.
Suite à cette annonce, certains syndicalistes du secteur public ont salué cette décision courageuse et très attendue du ministre de la Fonction publique, Madeleine Berre. C’est le cas de Serghes Mickala du Syndicat national des personnels de santé (Synaps), qui estime que cette décision permettra la relance des situations administratives et financières de plusieurs agents publics qui sont en attentes de postes budgétaires.
« A mon avis et en toute honnêteté, je suis heureux d’avoir les résultats de ce recensement, car ils permettront la relance objective des situations administratives et financières des agents, vu que désormais tout est clair. De même, je me réjouis de la manière avec laquelle le gouvernement aborde le volet justification, qu’il aurait dû s’en passer et de ne s’en tenir qu’à l’économie réalisée. Nous pensons qu’après les 45 jours accordés pour se justifier, ceux qui ne se présenteront pas doivent être radiés pour faire place à la jeunesse qui cogne aux portes », a-t-il soutenu.
Un point de vue largement partagé par Fridolin Mve Messa de l’Union des syndicats de l’administration publique, parapublique et privée (Usap), qui rappelle la similitude desdits résultats avec ceux du recensement de 2010. « Nous prenons acte des informations communiquées par le ministre de la Fonction publique sur les premiers résultats du recensement des agents publics. Nous constatons une similitude avec les données issues du recensement de 2010, qui avait ressorti un nombre important des fonctionnaires fantômes. Puisque l’opération se poursuit jusqu’à fin avril, nous attendons la publication officielle et définitive des résultats pour nous prononcer en toute connaissance de cause. Mais nous pensons que les 11 000 agents qui ne se sont pas fait enrôler seraient des agents fictifs comme avait révélé les premiers recensements. À la suite de ce travail, nous exigerons la reprise de la régularisation des situations administratives des agents de l’Etat », a-t-il martelé.
Quant à Pierre Mintsa du Syndicat autonome des personnels des affaires sociales (Sapas), ces résultats publiés et la décision de radier les agents publics véreux, permettra de ramener la confiance entre les fonctionnaires et le gouvernement. « En effet, à travers cette publication, il ressort que tous les gouvernements ne se ressemblent pas. La promesse a été tenue par Mme le ministre de la Fonction publique. A elle et à ses collaborateurs, et à tout le gouvernement nous disons bravo. Cet acte peut ramener la confiance entre agents publics et gouvernement, et donne aussi aux agents un espoir pour l’application des recommandations du Forum », a-t-il souligné.
Pour sa part, Aminata Ondo du Syndicat national des professionnels de l’audiovisuel public (Synapap), soutient cette rigueur que le membre du gouvernement veut imposer, car déclare-t-elle, cela contribue à la performance de la Fonction publique. « On ne peut pas vouloir quelque chose et son contraire. Si nous voulons une Fonction publique performante, il faut la rigueur dans le vrai sens du terme. Pour moi, la Fonction publique est libre d’appliquer les recommandations issues des négociations du Nomad. Toutefois, ceux qui sont visés par la radiation sont des gabonais, et la Fonction publique est en partie responsable de cette situation. Donc j’espère qu’il y aura des mesures d’accompagnement », a-t-elle dit.
Pour Joël Ondo Ella de la Confédération syndicale des agents publics, parapublics et privés (Cosynap), la publication de ces résultats est une réponse à l’une des revendications des organisations syndicales. Et chaque agent public concerné, doit en assumer les conséquences. « Le ministre de la Fonction publique vient de répondre à l’une des revendications récurrentes des organisations syndicales, qui exigeaient que les résultats des audits et recensement des agents publics soient publiés. Aujourd’hui, c’est chose faite ! J’espère que nous aurons à assumer les résultats et que certains ne trouveront pas des alibis pour crier au loup », a-t-il averti.
Interrogé également au sujet de la publication des résultats partiels du recensement biométrique et de la décision de la Fonction publique de radier les agents qui ne sont pas en règle, le président du Syndicat des médecins fonctionnaires du Gabon (Syméfoga), Adrien Mougougou, s’est dit surpris que l’on parle encore de résultats partiels, « Alors que les délais prévus pour la réalisation de ce recensement tant vanté sont largement dépassés, nous demandons donc au gouvernement de publier les résultats complets. Concernant la radiation de ces agents de la Fonction publique, je n’y crois pas, car la sanction est la chose la moins pratiquée par le gouvernement. Sinon, dans un pays normal, la sanction est une décision normale », a-t-il rappelé.
En guise de conclusion, les syndicalistes invitent le ministre Berre à associer les partenaires sociaux dans la cellule de contentieux, qui à examinera les dossiers de suspension de solde. Selon eux, la présence des partenaires à cette commission, aura l’avantage de freiner les combines et autres magouilles qui risquent d’avoir cours pendant l’opération de vérification.
James RHANDAL