Covid-19 : « Le discours du président de la République amène les travailleurs à se préparer à un combat », dixit la Cosynap

LIBREVILLE (Equateur) – Loin de contester les mesures sociales et économiques annoncées le vendredi 3 avril dernier par le Chef de l’Etat, le président de la Cosynap, Joël Ondo Ella, estime pour sa part, que ces mesures portent les germes de l’injustice et des inégalités sociales graves, qui n’arrangent pas les travailleurs.

 

Plusieurs mesures sociales et économiques ont été annoncées le vendredi 3 avril dernier par le président gabonais, Ali Bongo Ondimba. Des mesures qui coûteront à l’Etat la somme de 250 milliards de FCFA. Si ces mesures ont été fortement appréciées par certains, d’autres en revanche, ne cachent pas leurs craintes, quant aux conséquences néfastes qu’elles pourront avoir sur les travailleurs. C’est le cas du président de la Confédération Syndicale des Agents publics, parapublics et privés (Cosynap), Joël Ondo Ella, qui estime que toutes ces mesures annoncées portent les germes de l’injustice et des inégalités sociales graves.

 

Prenant par exemple la mesure sur la gratuité du transport par des sociétés de transport public, Joël Ondo Ella rappelle au Chef de l’Etat que la Sogatra est la seule société de transport public qui existe au Gabon, en dehors de Trans’Urb dont le lancement est toujours attendu. Et la Sogatra qui se limite actuellement qu’à Libreville, explique-t-il, ne soulagera qu’à peine 1% de la population gabonaise « avec un nombre de bus non concurrentiel des opérateurs privés de ce secteur », précise-t-il.

 

Parlant de l’eau et de l’électricité, le syndicaliste s’étonne qu’en pareilles circonstances, l’État impose comme à son habitude, que ceux qui travaillent et qui continuent à payer leurs factures d’eau et d’électricité, supportent aussi la charge des économiquement faibles.

 

Concernant la prise en charge des loyers de ceux qui n’ont pas de revenus, poursuit-il, « nous voyons toute la fiction et la démagogie autour de ce dossier. Car l’allocation de chômage est elle instituée sur l’effet d’une situation temporelle ou exceptionnelle, quand on sait que les administrations compétentes sont mises en place pour ce type de politique sociale. Que dit le code de protection sociale de 2014? », s’est-il interrogé.

 

« Aussi, quelle politique l’État mettra t-il en place pour avoir un fichier fiable de ceux qui n’ont pas de revenus (salaires), des travailleurs indépendants, des chômeurs, des professions libérales et du secteur informel ? Cela prendra combien de temps ? Quel est ce bailleur qui va attendre la procédure pour un loyer de 20.000 à 1000000, si au départ l’État n’avait mis en place aucune politique sociale et économique pour encourager les populations à construire sur la sueur de leur front, les maisons qui constituent la seule source de revenus pour plusieurs familles ? », a-t-il renchéri.

 

S’agissant du paiement de 70% hors prime des salaires des travailleurs mis en chômage technique, la Cosynap appelle le Chef de l’État et le gouvernement à plus de prudence et de vigilance, car soutient-elle, toute situation qui mettra les travailleurs en mal, aura une réponse tout aussi énergique de la part de ces travailleurs et des organisations qui les représentent. « Nous n’allons pas autoriser une moindre injustice ni inégalité sociale, car depuis longtemps, les travailleurs payent le lourd tribut de la des récessions économiques. Les 60% du salaire hors prime représentent les 30% du net à payer. Ce qui soumet le travailleur à la précarité », a déploré Joël Ondo Ella, président de la Cosynap.

 

Enfin, pour l’appel à la solidarité, la Cosynap met en garde le gouvernement sur l’instauration d’une quelconque taxe, qui serait imposée dans le cadre du Coronavirus. Car pour cette centrale syndicale, les travailleurs sont déjà assujettis à la CSS, la taxe sur les ordures ménagères, la taxe sur l’électricité, IRPP, et bien d’autres.

 

« Nous attendons les mesures qui encouragent les travailleurs de manière générale. Nous sommes au regret de dire que le discours du président de la République, a plutôt amené le monde des travailleurs à se préparer à un combat. Nous attendons l’eau et l’électricité gratuite pour toutes les couches sociales ; Nous attendons la mise en circulation de tous les bus de Trans’Urb et gratuits pour toutes les couches sociales ; Nous attendons les banques alimentaires gratuite pour toutes les populations avec un plancher du panier alimentaire ; Nous attendons le versement intégrale des salaires des travailleurs mis en chômage technique, et que l’État se charge  du manque à gagner des entreprises ; Nous attendons l’annonce du nombre d’hôpitaux qui seront construits avant décembre ; Nous attendons la baisse considérable des prix des produits de première nécessité ; Et nous attendons les mesures fortes concernant le secteur informel », a conclu le président de la Cosynap, qui avertit que les travailleurs ne se laisseront pas faire sur toutes les questions relatives à leur condition de vie et de travail.

 

 

Levi NGOMA

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