Gabon : Les agents du Ministère de l’Economie en attente de postes budgétaires depuis 12 ans, exigent leur intégration à la Fonction publique
LIBREVILLE (Equateur) – Constitués en Collectif, plus de mille agents qui travaillent actuellement au Ministère de l’Economie et des Finances, et qui sont en attente de postes budgétaires depuis 5 et 12 ans sans salaire, ont exigé ce mercredi 3 juin dans une déclaration déposée à l’Agence de presse Equateur, leur intégration à la Fonction publique conformément à la Loi n° 8/91 du 26 septembre 1991 portant statut général des fonctionnaires, qui encadre les conditions du stage probatoire et sa durée qui est d’un an renouvelable une fois. Ils sollicitent l’intervention du président de la République, Ali Bongo Ondimba.
Déclaration du Collectif des agents en attente d’intégration du Ministère de l’Economie et des Finances.
Sous la fallacieuse appellation d’« agents en cours d’intégration » des milliers de gabonais vivent un cauchemar depuis de nombreuses années, et cela dans tous les départements ministériels en général et au sein du ministère de l’Economie et des Finances, en particulier. Aussi étonnant que cela puisse paraître, certains cumulent déjà plus de 10 ans sans poste budgétaire, donc sans salaire. Comment l’État a-t-il réussi à exploiter des jeunes hommes et femmes prêts à œuvrer pour l’essor du Gabon vers la félicité en les faisant travailler au noir pendant plus d’une décennie ?
C’est le quotidien de milliers de compatriotes qui pourtant travaillent à l’élaboration du budget et aux différentes études et prévisions économiques. Quand ils ne sont pas chargés d’études, responsables de service ou simples agents affectés à : la Direction générale de l’Economie et de la Politique Fiscale (DGEPF), la Direction générale de la Concurrence et de la Consommation (DGCC), La Direction générale de la Dette (DGD), la Direction générale de Prospective (DGPRO), la Direction nationale des assurances (DNA), La Conservation foncière (CF) et les différentes Directions centrales (DCAF, DCRH, DCAD, DCSI…) qui accompagnent ces Directions générales dans leur fonctionnement quotidien.
Pris au piège par un système qui a manifestement montré ses limites en s’inscrivant dans le sens de l’antithèse de la politique prônée par le président de la République, Chef de l’Etat, Son Excellence Ali Bongo Ondimba qui depuis toujours, met la lutte contre la précarité et la justice sociale au cœur de son action : « Je laisserai personne au bord du chemin… », « Mon devoir est de vous protéger… », « Je ne serai heureux que quand les gabonaises et les gabonais le seront… ». Alors, comment comprendre qu’à l’ère de l’égalité des chances et de la diversification de l’économie du pays, les autorités en charge de la question des recrutements n’aient choisi comme « départements ministériels prioritaires » que : la Santé, l’Éducation nationale, l’Enseignement supérieur et la Sécurité pénitentiaire (Justice), quand on sait qu’il n’y a aucun département ministériel supra. Laissant ainsi des compatriotes aussi actifs que productifs dans un domaine aussi sensible que celui de l’Economie côtoyer la précarité en étant privés de salaire et ne pouvant donc in fine cotiser pour leur retraite.
A cette situation déjà précaire s’ajoute une exclusion totale de ces derniers au système national d’assurance maladie et de garantie sociale. En effet, ne bénéficiant pas du statut de fonctionnaire, ils ne peuvent pas cotiser au fond réservé au secteur public à la Caisse nationale d’assurance maladie et de garantie sociale (CNAMGS). La Loi n°1/2005 du 4 février 2005 portant statut général de la Fonction publique qui dispose en son article 107 que : « La prise de service est l’acte par lequel l’agent public prend et exerce effectivement ses fonctions. Elle ouvre droit à la rémunération et aux avantages attachés à l’emploi concerné. Elle ne peut être antérieure à l’obtention du poste budgétaire ». Aussi, les dispositions relatives à la Loi n° 8/91 du 26 septembre 1991 portant statut général des fonctionnaires encadrent les conditions du stage probatoire et sa durée qui est d’un an renouvelable une fois.
Au regard de cette violation manifeste de la Loi, l’agent public est condamné à la précarité et l’injustice sociale. Comment comprendre que maintes fois annoncé lors de ses différentes déclarations de politique générale, la régularisation des situations administratives, les intégrations précisément ne soient toujours pas effectives et que l’on soit encore et encore au stade de réflexion sous la base des 144 recommandations issues du Forum de la Fonction publique qui ne seraient, selon les propos de Madame la ministre de la Fonction publique lors d’une interview accordée au quotidien l’union paru ce mardi 02 Juin 2020, que des recommandations et non des résolutions ? Ce qui pourrait laisser douter quant à la volonté de ce gouvernement à régler cette situation pourtant sensible et urgente.
Cette situation qui n’honore pas l’Etat gabonais devrait susciter l’intérêt des plus hautes autorités. Ainsi, il incombe à la présidence de la République de se saisir de ce dossier qui vient un peu plus entraver la dynamique pourtant impulsée par le Chef de l’Etat son Excellence Ali Bongo Ondimba au moment où il est plus que jamais engagé en faveur de l’égalité des chances pour tous.