Gabon/Forum Fonction publique : « Je ne suis pas contre la mise en œuvre des recommandations à court terme », Joël Ondo Ella
LIBREVILLE (Equateur) – Alors qu’il est accusé à tort ou à raison de traitrise, d’être de connivence avec le gouvernement pour retarder la mise en œuvre des recommandations à court terme du Forum de la Fonction publique, le Vice-président du Comité de pilotage, Joël Ondo Ella, apporte des éclaircissements quant à sa démarche qui a pour seul objectif : la mise en œuvre desdites recommandations dans les délais, contrairement aux informations distillées contre sa personne.
Agence de presse Equateur : Le samedi 24 octobre 2020, vous avez pris part à une émission dans un média aux côtés de votre frère Pierre Mintsa de la Machette syndicale des travailleurs gabonais vaillants (MSTGV). Au terme de l’émission, plusieurs ont eu l’impression que vous n’êtes pas pour le respect de la mise en œuvre à court terme des recommandations prioritaires. Qu’en est-il exactement ?
Joël Ondo Ella : Les bases du journaliste de l’émission de samedi, étaient de nous permettre d’expliquer la procédure des travaux jusqu’à la remise du rapport au Premier ministre, Rose Christiane Ossouka Raponda. Et en ma qualité de Vice-président du Comité de pilotage, il faut préciser que nous étions tous d’accord, les partenaires sociaux et l’Administration, qu’il fallait organiser la résolution des recommandations à court, moyen et long terme. C’est ce document qui a été remis à Madame le ministre de la Fonction publique, Madeleine Berre. Donc je n’ai jamais été contre la mise en œuvre dans le court terme des recommandations prioritaires.
Après la remise du document au Chef du gouvernement, une grève des agents de la Fonction publique exigeant l’application des recommandations est lancée. Ils s’appuient sur le non-respect du court terme par le gouvernement. Et l’un des signataires du rapport est l’auteur de la grève. Que dites-vous ?
En tant que vice-président du Comité de pilotage, je m’interroge sur sa démarche. Si tant est que nous doutions de l’exécution des points à court terme, je crois que la logique nous commande d’épuiser donc la période du court terme, et ensemble que les syndicats fassent bloc en décembre pour démontrer au gouvernement leur capacité à bloquer le fonctionnement des services jusqu’à résolution des recommandations retenues dans le court terme.
D’autre part, pour démontrer qu’on est soucieux de voir les choses évoluées, sinon aboutir en faveur du grand nombre, n’est-il pas élégant et même responsable pour un syndicat de faire des communications de relance par courrier et par point de presse, sachant qu’il reste deux mois avant l’épuisement du court terme ?
Parlez-nous du Comité de suivi que d’aucuns estiment, qu’il n’a aucune importance pour la mise en œuvre des recommandations issues du Forum de la Fonction publique.
Pour ce qui est du comité de suivi, si d’aucun pense qu’il n’a pas son importance à cause de leur impatience, le Vice-président du Comité de pilotage trouve toute sa raison de sa mise en place, car les syndicats n’ont toujours pas été vigilants quant à l’impact de ce Comité, d’autant plus que la mise en œuvre pourrait ne pas s’exécuter dans un rythme qui satisfasse nos attentes. Et par conséquent, c’est cette tribune formelle qui nous permettra d’évaluer et de suivre ce qui est fait par le gouvernement et en retour demander des explications et informations sur les aspects qui n’auraient pas respecté les délais.
Le populisme Syndical qui d’un coup on suspend la grève et deux jours on la remet dénote aussi de plusieurs non dit dans la démarche des leaders syndicaux. Je souhaite qu’après plusieurs mois d’effort et de sacrifice pour parvenir un rapport aussi important, que les responsables syndicaux et le gouvernement démontrent tout les sens du sérieux et de la volonté vis-à-vis des travailleurs qui attendent avec impatience.
C’est l’occasion ultime de pouvoir ramener les indécis et rétablir la confiance qui est rompue entre l’agent public et l’administration. Je demande à tous les camarades de ne pas profiter de la détresse de ceux qui attendent la régularisation d’une quelconque situation administrative pour abuser d’eux en leur promettant le paradis dont ils ne disposent pas eux-mêmes ou en subtilisant quelques avantages à ces derniers au nom de la lutte Syndicale.
Le court terme c’est dans bientôt, il représente un grand rendez-vous entre le gouvernement et les travailleurs. C’est l’appréciation de ce qui sera fait qui déterminera la suite. Alors donnons-nous les moyens d’avoir raison sur les recrutements, les intégrations, les reclassements après stage, les rappels des retraités civils et militaires, l’arrimage de la pension retraite. Si rien n’est fait au niveau appréciable, les agents publics en décideront. Telle est la vision du Vice-président du Comité de pilotage.
Plusieurs affirment que la mise en œuvre des recommandations prioritaires à court terme (octobre, novembre et décembre 2020) devait se faire chaque mois, à compter de la fin du mois d’octobre. Selon nos investigations rien n’a encore bougé. Qu’en est-il exactement ?
Il n’est nullement mentionné qu’un bilan d’étape devait se faire chaque mois. Mieux, les actions comme la grève peuvent avoir tout leur sens dès lors que le rapport se trouve déjà dans les mains du Premier ministre en qualité de Chef du gouvernement et Président du Comité de pilotage. Si nous avons l’impression que rien ne bouge, le Vice-président du Comité de pilotage et les camarades des commissions techniques ad-hoc, ont le droit d’aller vers le Premier ministre pour soumettre leurs préoccupations autour de la question.
Nous avons toujours raté l’objectif parce que d’aucuns sont dans une logique de leadership de propagande et du populisme, et le gouvernement profite de cette dispersion pour avoir avec eux, ceux qui veulent s’approprier des revendications ou des recommandations dans une perspective égocentrique et d’intérêt personnel.
Le rapport des recommandations du Forum de la Fonction publique n’appartient pas qu’à ceux qui étaient en travaux, car le Comité de pilotage et les commissions techniques ad-hoc sont la représentation de l’ensemble des gabonaises et gabonais, qui de manière directe et indirecte attendent l’amélioration de leurs conditions de vie et travail à partir des recommandations dudit Forum.
Nous devons avoir cela à l’esprit et corriger les erreurs du passé pour avoir un pourcentage élevé de résultats satisfaisants et qu’un grand nombre trouve encore l’intérêt de soutenir et s’attacher au mouvement syndical de la lutte ouvrière au Gabon.
Propos recueillis par James RHANDAL