Gabon : Le gouvernement serait-il incompétent ?

LIBREVILLE (Equateur) – La question vaut son pesant d’or, au regard de la lettre ouverte que l’ancien coordonnateur général des affaires présidentielles (CGAP), Noureddin Bongo Valentin, a adressé ce mardi 14 septembre au chef de l’Etat, Ali Bongo Ondimba.

 

 

Noureddin Bongo Valentin n’est plus coordonnateur général des affaires présidentielles (CGAP). L’information est officielle depuis lundi 13 septembre dernier. Le Conseil des ministres l’a remis à la disposition de son administration d’origine.

 

 

Après quelques mois à la tête de la CGAP, Noureddin Bongo Valentin a jugé utile de présenter son bilan au président de la République, Ali Bongo Ondimba, à travers une lettre ouverte. Une initiative qui est à saluer, lorsqu’on sait qu’ils sont très peu, ce genre de personne capable de dresser le bilan de leur gestion à la tête d’une administration publique.

 

 

L’ancien CGAP s’est donc armé de courage en osant présenter au chef de l’Etat et à l’ensemble des gabonais, son bilan qu’il juge satisfaisant n’en déplaise à certains. Cependant, en parcourant les différents paragraphes de sa lettre, le fils d’Ali Bongo Ondimba semble remettre en cause la compétence du gouvernement dirigé par Rose Christiane Ossouka Raponda.

 

 

En effet, déclare-t-il dans le premier paragraphe de sa lettre, il a été nommé en décembre 2020 avec pour mission de renforcer le pilotage de l’action du gouvernement pour le compte du président de la République. Autrement dit, il devait aider le gouvernement à remplir convenablement la tâche qui lui a été confiée par  le chef de l’Etat. Ce qui laisse supposer, qu’Ali Bongo Ondimba n’avait pas confiance en son gouvernement, lorsqu’il décide de nommer son fils comme CGAP.

 

 

Aussi, tout au long de sa mission, Noureddin Bongo Valentin s’est focalisé sur la mise en œuvre de plusieurs chantiers, notamment le Plan d’accélération de la transformation (PAT) adopté par le gouvernement en janvier 2021, en passant par la fiabilisation de la dette intérieure, la finalisation de l’audit du FUR pour régler les dysfonctionnements observés dans le système de gestion de la solde des agents publics, la réforme des bourses, ainsi que les travaux de voiries secondaires et principales dans certaines provinces du pays etc.

 

 

La réalisation de toutes ces actions qu’il évoque dans sa lettre, a été rendue possible grâce à son impulsion. « Durant ces vingt et un mois écoulés, la coordination générale a fait tout ce qui était en son pouvoir pour s’en montrer digne. Nous croyons pouvoir dire aujourd’hui, avec humilité et lucidité, que le contrat a été rempli. Durant cette période à vos côtés au sein de la Présidence de la République, d’importants résultats ont été obtenus sur les dossiers que vous nous avez confiés ou demandé  de superviser », affirme-t-il.

 

 

C’est donc sous l’autorité et le contrôle du CGAP, que le gouvernement a pu réaliser certains axes de sa feuille de route. Noureddin le dit clairement et sans ambages. « La feuille de route claire adoptée par le gouvernement, sous l’impulsion de la Coordination générale des affaires présidentielles, a donné confiance et visibilité au secteur privé. Cela s’est traduit par un niveau inédit d’investissements privés. Le rythme d’installations d’usines dans la zone industrielle de Nkok s’est fortement accéléré, avec aujourd’hui 85 usines actives, et 15 autres en phase d’investissement qui devraient entrer en production avant le premier trimestre 2022 et ainsi générer de nouveaux emplois. Aussi, les usines de Nkok s’émancipent des secteurs traditionnels de l’industrie du bois et de la métallurgie, pour la production de médicaments, le recyclage de déchets plastiques ou encore la production de ciment », rapporte-t-il dans sa lettre.

 

 

 

En clair, Noureddin Bongo Valentin affirme, que sans la supervision de la  CGAP, la réalisation de toutes les choses évoquées dans sa lettre n’aurait pas été possible en si peu de temps. D’où notre question sur l’incompétence du gouvernement. Car, comment peut-il oser s’attribuer le mérite de ces réalisations, alors qu’on sait que c’est le gouvernement qui traduit en acte la vision du chef de l’Etat ? La réponse est simple : le gouvernement de Rose Christiane Ossouka Raponda est nonchalant ! C’est ce que révèle le bilan de l’ancien CGAP.

 

 

Autre chose que cette lettre nous apprend, c’est que le retard criard observé par les gabonais dans la matérialisation de la vision du président de la République depuis 2009, serait dû à deux facteurs entre autres : la mauvaise foi et la mauvaise gestion des différents gouvernements. D’ailleurs, l’incarcération de certains membres du gouvernement et hauts cadres de l’administration publique, il y a quelque temps, vient conforter cette thèse.

 

 

Par ailleurs, à travers sa lettre, l’ancien CGAP semble proposer au président de la République l’urgence de remanier le gouvernement, en choisissant des personnes capables de faire passer l’intérêt supérieur de la nation au détriment de leurs intérêts égoïstes. Le scandale de corruption qui secoue l’actuellement gouvernement, et qui est fortement relayé par la presse nationale, le prouve bien.

 

 

Et pour conclure, par l’exposé de son bilan, Noureddin Bongo Valentin démontre au locataire du Palais Rénovation, sa capacité à remplir convenablement et dans un délai raisonnable, les tâches qui lui sont confiées. Il ne serait donc pas surprenant, qu’il soit nommé dans les prochains jours au poste de Haut commissaire de la République. Ce qui lui permettra d’avoir des responsabilités plus étendues  sur l’action du gouvernement. Pour l’heure, observons ce qui va se passe dans les prochains jours.

 

 

James RHANDAL

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