Gabon : Ali Bongo indifférent à la déliquescence du tissu et de la cohésion sociale
LIBREVILLE (Equateur) – Ce constat émane de la Fédération des Collecteurs des Régies Financières (FECOREFI), au lendemain du discours à la nation du Chef de l’Etat, Ali Bongo Ondimba qui n’a pas hésité à traiter d’irresponsables les syndicalistes des régies financières et de l’éducation nationale.
Le vendredi 31 décembre 2021, le président de la République, Ali Bongo Ondimba a présenté ses vœux de nouvel an 2022 au peuple gabonais. Au cours de ce discours très attendu, le locataire du Palais Rénovation de Libreville s’est attaqué aux syndicalistes des régies financières et de l’éducation nationale, qu’il a qualifiés d’irresponsables suite aux grèves déclenchées par ces derniers il y a plus d’un mois.
« Prendre en otage les enfants de ce pays ; nos enfants, nos progénitures, hypothéquer leur futur au nom de je-ne-sais-quel intérêt, c’est véritablement irresponsable et condamnable. Les régies financières, elles aussi, se sont mises en grève. Une fois de plus, quand bien même, certaines de leurs revendications ont été satisfaites. Or, cette grève n’est pas sans conséquence pour notre économie, déjà fort impactée par la crise sanitaire », a déclaré le président gabonais dans son discours.
Mécontents d’être traités d’irresponsables, les syndicalistes des régies financières regroupées au sein de la Fédération des Collecteurs des Régies Financières (FECOREFI), ont tenu à rappeler à Ali Bongo Ondimba, que son gouvernement était seul responsable du climat social délétère observé dans le pays. Son indifférence face aux revendications des partenaires sociaux, ne fait qu’aggraver la situation.
« Complètement aphone face à la déstructuration du climat social dans nos administrations, les thuriféraires du pouvoir n’ont pas trouvé mieux que de jeter, une énième fois, la parole du Chef de l’Etat en pâture en le plongeant dans une indécente autosatisfaction. Afin de justifier la situation catastrophique dans laquelle leur scabreuse gestion a conduit notre pays, ils n’ont pas trouvé mieux que de faire dire, par le Chef de l’Etat, que les responsables de cette situation ne sont rien d’autres que les ‘’fonctionnaires en grève’’ et principalement ceux des régies financières, véritables boucs-émissaires », a déploré la FECOREFI dans un communiqué de presse.
Par ailleurs, elle rappelle au Chef de l’Etat qu’en 2017, pour démontrer leur sens de responsabilité, les agents des régies financières ont dû renoncer à 48 milliards FCFA sur un stock d’arriérés de primes de 64 milliards FCFA, afin d’aider le pays à faire face à la forte crise économique qui sévissait. « En ce moment les partenaires sociaux étaient-ils irresponsables ? Lors du premier accord avec le FMI sur le mécanisme élargi de crédit qui exigeait de notre pays des mesures dites d’austérité, les régies financières ont répondu à l’appel de la République en soutenant ces mesures et en y concédant une décote sur l’enveloppe des primes de plus de 30%, était-ce irresponsable de leur part ? », s’interroge la FECOREFI.
De même en 2020, poursuit la Fédération des collecteurs des régies financières, elle interpellait les plus hautes autorités du pays en tête desquelles le président de la République, Ali Bongo Ondimba sur l’impérieuse nécessité de nettoyer le fichier du personnel et des primes qui permettaient à l’État de réaliser des économies de plus de 1 milliards FCFA sur l’enveloppe à payer. « Était-ce irresponsable de leur part ? Est-ce irresponsable de dénoncer les dépenses fiscales outrancières, la démobilisation et la démotivation des agents causée par le silence méprisant du Gouvernement ? », s’interroge-t-elle encore.
Pour la FECOREFI, les partenaires sociaux ne sont pas responsables de la situation financière dans laquelle se trouve notre pays, ni des détournements et autres malversations impunis et entretenus par certaines grosses légumes tapies dans les arcanes du pouvoir. Aussi, déplore-t-elle l’attitude des proches d’Ali Bongo Ondimba, qui l’ont emmené à ignorer et à être complètement indifférent face à la déliquescence du tissu et de la cohésion sociale.
Toutefois, pour la FECOREFI, il n’est plus question de tergiverser mais d’être plus ferme que jamais, afin de ramener l’accalmie et la sérénité au sein des mamelles de l’Etat.
Levi NGOMA