Gabon/Retraite : La COSYNAP invite le gouvernement à la réserve quant aux résultats de l’étude du Cabinet Finactu
LIBREVILLE (Equateur) – Le mardi 22 février dernier, le Cabinet Finactu livrait aux partenaires sociaux les conclusions de son étude actuarielle des régimes de sécurité sociale en vue de l’arrimage des pensions retraite au nouveau système de rémunération. Des conclusions qui amènent la Confédération syndicale des agents de l’administration publique, parapublique et privée (COSYNAP) à émettre des réserves au regard des conséquences que leur mise en œuvre pourrait entrainer.
La COSYNAP émet des réserves sur les résultats de l’étude menée par le Cabinet Finactu sur la réforme du système de pensions retraite des agents publics du Gabon, et appel le gouvernement à ouvrir une large consultation auprès des actifs et des retraités du secteur public. En effet, selon le président de la COSYNAP, Joël Ondo Ella, l’étude du Cabinet Finactu regorge plusieurs points d’ombre et des écueils qui obligeraient le gouvernement à la prudence, pour toutes démarches d’adoption et de mise en œuvre de cette étude.
Pour la COSYNAP, il est bien vrai que la question des pensions retraites préoccupe aussi bien les retraités, les actifs que le gouvernement. Mais il n’en demeure pas moins, que la complexité dudit domaine qu’est la protection sociale et la sécurité sociale, doit proscrire toute précipitation qui offrirait un régime de pension retraite aux lendemains incertains.
D’après les explications du président de la COSYNAP, l’étude actuarielle de Finactu propose essentiellement ce qui suit : – L’augmentation de l’assiette des cotisations de 6 à 7 % pour la part salariale ; – La mise en place d’une retraite complémentaire obligatoire de 5 à 8% ; – La prorogation de l’âge de la retraite de 60 à 62 ans ; – La réduction des recrutements à la Fonction publique ; – L’autonomisation administrative et financière de la CPPF ; – L’arrimage des pensions au nouveau système de rémunération, etc ;
Au regard de ce qui précède, la COSYNAP émet donc des réserves sur ce qui suit : Premièrement, le Cabinet Finactu devait proposer deux à trois bouquets de régimes de pension retraite, qui comporteraient autant le système par répartition que par capitalisation avec les forces et les faiblesses de chaque régimes.
« Cela donne la possibilité au gouvernement et aux agents publics en activité, ainsi que ceux déjà admis à la retraite d’apprécier. Et le choix est en ce moment conséquent et mûri », indique Joël Ondo Ella.
Deuxièmement, le Cabinet Finactu proposerait encore un gel des recrutements à la Fonction publique allant jusqu’à 10 ans. « De notre connaissance basique sur les régimes de pensions retraite par répartition, on voit bien que c’est l’emploi qui génère les pensions retraite. Plus on a de la ressource humaine, mieux les cotisations sociales sont assurées pour supporter les pensions des retraités. Au Gabon aujourd’hui, les actuaires nous confirment que nous sommes à 3 travailleurs pour un retraité, alors que hier nous étions à 6 salariés pour un retraité. Donc, la baisse de la courbe du nombre de travailleurs pour un retraité ne saurait constituer un avantage à ce régime de pension », souligne le président de la COSYNAP.
Troisièmement, pour l’organisation syndicale des travailleurs du public, parapublic et privé, la mise en place d’une retraite complémentaire obligatoire n’a pas sa place pour l’heure et ne peut être envisageable en l’absence des simulations sur l’étude du Cabinet Finactu, notamment sur le régime général qui est proposé. Aussi, compte tenu du fait que plusieurs agents publics ont déjà souscrit à un régime de retraite complémentaire auprès des assurances de leur choix, la fiabilité de la gestion de la CPPF pourrait convaincre chacun au libre choix de sa retraite complémentaire, et selon le niveau du train de vie.
« Partant de l’âge de la retraite, le Cabinet Finactu n’a pas ressorti les avantages y relatifs pour la survie de la caisse et du cotisant. C’est d’ailleurs un flou pour le nombre d’années de cotisation qui reste éligible pour un agent public une fois l’âge est prolongé à 62 ans. Dès lors, sur le principe universel de l’organisation internationale du travail relatif aux Convention 144 et 151, le gouvernement ne peut pas entériner cette étude du Cabinet Finactu sans procéder à une présentation officielle à tous les représentants des agents publics (tous les partenaires sociaux) et recueillir leurs avis », déclare Joël Ondo Ella.
Par ailleurs, la COSYNAP s’étonne, que la CPPF n’aie pas demandé les simulations sur l’arrimage des pensions retraite au nouveau système de rémunération pour ceux admis à la retraite à partir de 2015 et ceux admis à la retraite avant 2015. La question capitale est de savoir si le Gabon aura deux régimes généraux de pensions retraite pour les agents publics civils et militaires ?
Ainsi donc, à l’examen de l’ensemble des préoccupations relevées, la COSYNAP par la voix de son président, exhorte le gouvernement à ne pas se précipiter sur la mise en œuvre de cette étude du Cabinet Finactu, car choisir la voie de la précipitation serait suicidaire pour le Gabon, qui risquerait de se retrouver dans une situation d’impasse.
De même, la COSYNAP invite les agents publics retraités actuels et ceux admis à la retraite, à exiger une présentation très simplifiée avec des simulations qui clarifient la question des recrutements, de la retraite complémentaire obligatoire, de l’âge de la retraite à 62 ans, du seuil de l’arrimage des pensions retraites au NSR, du taux de cotisation, et du sort réservé aux retraités d’avant 2015.
« Enfin, l’occasion est donné à la COSYNAP de prévenir tous conflits sociaux sur un régime de pension retraite, qui pourrait péricliter dans l’immédiat », conclut le président de la COSYNAP, Joël Ondo Ella.
LA REDACTION