Gabon : Le gouvernement impuissant face à la décharge de Mindoubé
LIBREVILLE (Equateur) – Le ministre d’État à l’Intérieur, Lambert Noël Matha accompagné des ministres de la Santé et de l’Éducation nationale, ont effectué une visite récemment à la décharge publique de Mindoubé, dans le 5è arrondissement de Libreville, qui est toujours opérationnelle, alors que sa fermeture avait été annoncée il y a plus de dix ans pour cause de saturation.
La décharge publique de Mindoubé, dans le 5è arrondissement de la commune de Libreville, est toujours opérationnelle. C’est le triste constat fait par le ministre d’État à l’Intérieur, Lambert Noël Matha accompagné du ministre de la Santé, Guy Patrick Obiang Ndong, et du ministre de l’Education nationale, Camelia Ntoutoume Leclercq.
Un constat qui suscite moult interrogations tout comme la présence des membres du gouvernement à cette décharge. En effet, il y a plus d’une décennie, que sa fermeture avait été déclarée pour cause de saturation. Un site situé dans la zone d’Igoumié à Owendo, avait même été identifié pour servir désormais de décharge publique.
Mais plus de dix ans après cette annonce, aucun changement n’est perceptible. La décharge de Mindoubé continue de s’emplir, au grand étonnement des riverains, qui ont appris, lors de la récente visite des membres du gouvernement, que cette décharge n’est pas près de fermer.
« Tout le monde sait, que la décharge de Mindoubé est saturée, et qu’il va falloir la délocaliser. En attendant, que nous ayons un centre de traitement des ordures, un certain nombre de travaux sont envisagés, notamment la construction de plusieurs plateformes qui vont permettre de continuer à déposer les ordures ménagères », a laissé entendre le ministre d’État, Lambert Noël Matha.
Le centre de traitement des ordures dont fait allusion le ministre d’État, n’est autre que celui que l’Union européenne (UE) souhaite doter le Gabon, afin de désengorger la décharge publique de Mindoubé saturée depuis plusieurs décennies. L’annonce avait été faite en août 2021 lors de la visite d’inspection d’une délégation mandatée par la Banque européenne d’investissement (BEI), bras séculier de l’Union Européenne pour ce type de projet.
Par ailleurs, conscient des problèmes de santé, que cette décharge pourrait avoir sur les riverains, particulièrement les plus jeunes, le ministre Guy Patrick Obiang Ndong a invité ces derniers de vider les lieux. « La décharge est une zone où on a une prolifération de microbes, d’un certain nombre de gênes qui peuvent affecter l’état de santé. C’est d’autant plus dangereux pour les jeunes, ils ont un organisme fragile », a-t-il indiqué.
Il est vrai que, quitter la décharge de Mindoubé n’est pas une option pour les familles qui y vivent et qui s’en servent comme ‘’marché public’’ (pour se nourrir et se vêtir, car vivant dans une extrême précarité), mais une obligation, au regard des risques qu’elles en courent. Cependant, le gouvernement sait parfaitement, qu’au mois de mars 2021, un accord entre les riverains de la décharge et la Mairie de Libreville, avait été conclu.
« Nous avons convenu avec les populations environnantes, de faire en sorte, qu’elles libèrent les lieux pour qu’on puisse continuer à y déverser les ordures ménagères. Après négociation, nous sommes tombés d’accord sur un consensus, qui a donc permis d’évaluer leurs maisons et de leur donner une indemnité », avait déclaré l’ancien maire Eugène Mba.
La question est alors de savoir : pourquoi ces familles économiquement faibles continuent d’y résider, alors qu’un accord avait été passé ? Ont-elles reçu la fameuse indemnité ou était-ce encore une annonce de plus ?
Dans tous les cas, le ministre Guy Patrick Obiang Ndong qui est en charge des affaires sociales, qui est soucieux de l’état de santé de ses concitoyens, devrait peut-être s’assurer, que cette indemnité a été bel et bien versée. Dans le cas contraire, aider ces familles à entrer en possession de cet argent pour aller s’installer ailleurs.
Pour l’heure, la décharge publique de Mindoubé n’est pas près de fermer. Les familles qui y vivent ne sont pas près de déménager, si elles ne sont pas indemnisées, selon l’accord passé avec la Mairie de Libreville. La balle est donc dans le camp du gouvernement.
James RHANDAL