Gabon : Témoignage effroyable d’un rescapé du navire Esther miracle qui a coulé au large de Libreville
LIBREVILLE (Equateur) – Parti du Port-môle de Libreville mercredi 8 mars 2023 à 20h05 pour Port-Gentil, le navire Esther Miracle a coulé jeudi 9 mars 2023 aux environs de 3h58, alors qu’il se trouvait au large de Nyonié avec à son bord 134 passagers selon le gouvernement. Après le drame qui a coûté la vie à plus d’une vingtaine de personnes (3 décédées et 22 disparus), un rescapé a tenu à témoigner : « (…) On a eu une jeune dame qui est décédée, tellement elle était épuisée et n’arrivait pas à s’accrocher à la corde… ». Récit des faits.
« Nous avons embarqué hier mercredi à 18h et avons quitté le quai à 20h. Entre 20h et 1h du matin, on entendait déjà des grincements de tôle, des accours entres les colis. Vers 2h l’un des marins nous a dit, que le navire prenait de l’eau et qu’il penchait d’un côté. Ils nous ont dit, qu’ils tentent de faire demi-tour pour se rapprocher de la côte, afin d’accoster au cas où on n’arriverait pas à Libreville.
En moins de 30 minutes, le bateau avait complètement tangué sur un côté. Il y a eu panique à bord sans consigne particulière de la part de l’équipage. Tout le monde s’est retrouvé sur le pont du bateau. Effectivement, le navire était vraiment en train de pencher.
Malheureusement, le bateau a fini par basculer et, entre temps, l’équipage avait jeté à l’eau les canoës de sauvetage. Certains passagers se sont débrouillés à s’accrocher aux canoës de sauvetage et une fois que le bateau a basculé complètement sur un plan, les gens ont sauté à l’eau pour monter dans les différents canoës mais de façon désordonnée.
Hors du bateau, on s’entraînait du mieux qu’on pouvait pour essayer de prendre le maximum de personnes. Malheureusement, il y a certains canoës qui étaient surchargés. On a pu se détacher du navire et on a dérivé en s’éloignant de celui-ci. Toute cette scène s’est passée en moins de 50 minutes. On a vu le bateau s’enfoncer progressivement au point, qu’il ne restait qu’un bout de la coque. Et je pense qu’il y restait à peine 5 personnes dont le commandant qui sont restés dessus.
Nous avons dérivé avec d’autres canaux. Certains malheureusement, se sont éventrés du fait de la surcharge. Personne ne voulait rester hors du canaux. Il faut dire, qu’il y avait approximativement 40 personnes sur le canoë dans lequel je me trouvais. On s’est donc agrippé les uns aux autres. Ce qui a permis aux personnes les plus vulnérables dont les femmes enceintes et les personnes âgées de se reposer entre les autres.
Dans la nuit, malgré les fusées qu’on tirait, il y avait un chalutier qui ne répondait pas à nos appels. C’est au petit matin vers 7h, qu’on a vu le bateau de Peschaud qui est arrivé et a commencé le sauvetage en remontant les passagers. C’était difficile ! Tout le monde était fatigué, tellement exténué par la lutte dans une eau glaciale.
On a eu une jeune dame qui est décédée tellement elle était épuisée et n’arrivait pas à s’accrocher à la corde. Le bateau de la marine quant à lui, est arrivé plus tard et a récupéré ceux qui s’étaient éloignés. L’équipage de Peschaud nous a fourni des couvertures, des douches, à manger… il y avait des blessés graves qui ont été mis en sécurité jusqu’à l’arrivée des secours.
Moi, je suis arrivé à 12h sur terre. Mais j’avoue, que c’était pénible. Heureusement que les autorités ont pris en charge les personnes vulnérables, ceux qui avaient des malaises. Ils ont été évacués dans les structures sanitaires et autres. Nous qui sommes-là, avons vécu un véritable cafouillage. On n’avait personne en face de nous pour nous accompagner sur la suite des événements.
On va se constituer en collectif pour voir dans quelle mesure, on peut mieux s’organiser pour ne pas subir davantage de dommages de la part de Royal Coast. On avait des femmes merveilleuses qui chantaient et priaient le Seigneur. Ce qui nous a réconfortés. On n’aurait pas pu y arriver sans l’intervention du bon Dieu ».
James RHANDAL (Source : Quotidien l’Union)